Cession d’Atos BDS : les négociations avec Airbus avancent [CHALLENGES]

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Les négociations entre Airbus et Atos pour la cession d’Atos BDS avancent et ne devraient pas être ralenties par le fonds activiste britannique TCI très opposé à la signature d’un deal entre les deux groupes. Néanmoins, même l’aboutissement de ces négociations est conditionné à celles qui concernent Tech foundations avec le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky.

Atos Airbus

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Dans le ciel très nuageux d’Atos, un dossier avancerait plutôt correctement, il concerne la cession d’Atos BDS à Airbus. Selon nos informations les discussions sont bien enclenchées. Elles pourraient aboutir d’ici le mois de mars ou avril avant un transfert de l’entité d’ici la fin de l’année. Mais il n’est pas exclu que le fonds britannique TCI, dirigé par Chris Hohn et qui s’était opposé au projet de l’avionneur franco-allemand de monter au capital d’Atos en février dernier, manifeste de nouveau sa franche opposition à l’intérêt d’Airbus pour Atos, comme l’avait révélé Challenges en début de semaine.

Pour Chris Hohn, le projet d’entrée à 29,9 % du capital d’Evidian, au début de l’année 2023, relevait d’abord de l’interventionnisme politique plus que d’un investissement stratégique. S’il formule les mêmes arguments cette fois-ci ce fonds « activiste » n’aurait en aucun cas la possibilité de remettre en cause les négociations entre Airbus et Atos : « ça mettra de la friture sur la ligne comme en février dernier mais le conseil d’administration d’Airbus est aligné sur les négociations avec Atos » confie une source proche d’Airbus.

Des négociations tendues avec Kretinsky

À l’occasion d’un « point de marché » sur sa situation, le groupe présidé depuis octobre par Jean-Pierre Mustier avait confirmé au début du mois de janvier l’ouverture avec Airbus d’une phase de « due diligence » (NDLR : procédures de vérifications) autour des activités de BDS (Big Data and Security). La vente de BDS acterait alors une nouvelle étape dans la scission en deux du groupe avec d’un côté Eviden (cyber sécurité, big data, digital, cloud) et de l’autre TechFoundations (activités historiques d’infogérance).

A ceci près que l’aboutissement de ces négociations est lui aussi, complètement lié à l’aboutissement des négociations entre Daniel Kretinsky et Atos. Or si celles-ci avançaient bien jusqu’au mois de décembre dernier, elles seraient aujourd’hui beaucoup plus tendues.

Daniel Kretinsky, qui devrait, selon nos informations, rencontrer Jean-Pierre Mustier en début de semaine prochaine, était prêt à accepter de « meilleures conditions » pour le rachat de Tech Foundations en cas de « non-obligation » de rentrer au capital d’Eviden. Mais, les conditions imposées par la direction d’Atos pour la reprise de Tech Foundations ne lui conviennent plus du tout. « Atos a imposé des conditions inacceptables à Daniel ­Kretinsky, confie une source bien informée. C’est le rendez-vous de la dernière chance. Le deal lui-même ne va pas sauver Atos, mais si ça plante, sa survie est clairement compromise. »

Bercy représenté à la réunion entre Atos et ses banques

Car Atos -qui a perdu plus de 30 % en bourse cette semaine…- fait aussi face au problème du « refinancement » et du remboursement des dettes accumulées par Atos, estimées 5 milliards d’euros et dont une partie devront être remboursées dans les deux ans qui viennent. Une réunion a eu lieu en début de semaine entre la direction d’Atos et 22 établissements bancaires détenteurs de la dette d’Atos. Cette réunion lors de la quelle Atos cherchait à repousser une partie de sa dette ne se serait pas déroulée dans les meilleures conditions pour le groupe français.

Certaines banques refusant de repousser les remboursements craignent que les négociations avec Kretinsky n’aboutissent pas. Or, la capacité d’Atos de rembourser est, elle aussi, clairement liée à la signature du deal prévu avec le milliardaire tchèque : « les banques savent évidemment que les négociations entre Atos et Kretinsky sont tendues en ce moment, donc elles conditionnent l’étalement du remboursement à la signature de la cession de Techfoundations à Kretinsky. Et de toutes façons si le deal ne se fait pas, c’est la question de la survie d’Atos qui se posera ».

LIRE AUSSI : JO 2024 : Paris prend le risque de cyberattaques très au sérieux

Lors de cette réunion entre les banques et la direction d’Atos, c’est notamment la présence de deux représentants du CIRI qui a attiré l’attention. Selon BFM Business, la cellule spéciale du Trésor dédiée aux entreprises en difficulté, le (Ciri), était présente par l’intermédiaire de son numéro deux, le secrétaire général adjoint Julien Bracq. Contacté, Bercy n’a pas souhaité faire de commentaire. Mais cette seule présence prouve la nécessité pour l’Etat de participer à une restructuration d’Atos.

Atos, indispensable pour la cybersécurité des JO 2024

Outre les capacités d’Atos dans des technologies stratégiques, c’est notamment le rôle que doit jouer le groupe lors des Jeux Olympiques de Paris qui expliquerait désormais l’implication de l’état dans le « sauvetage » d’Atos. Depuis 2002, le groupe gère toute l’informatique des Jeux Olympiques et a récemment ouvert le Technology Operation Center, sorte de « centre de commandement stratégique » des prochains Jeux Olympiques, qui doit obtenir, générer et diffuser les résultats, ce qui nécessite des technologies de pointe dans le domaine de la fibre optique et des serveurs.

Mais c’est également Atos qui est chargé d’un dossier hautement sensible, celui de la cybersécurité des JO : « Personne n’a la même expérience des Jeux Olympiques que Atos. La diffusion du chronométrage et des résultats c’est eux et quand tu passes ton badge pour entrer dans un stade ça passe par un serveur Atos. Mais surtout, ils s’occupent de la cyber sécurité », confirme un connaisseur de la sécurité informatique.

Pendant les JO, il y a plusieurs milliers d’attaques par seconde et compte tenu du contexte, il ne serait pas étonnant que l’on batte des records dans ce domaine. Donc l’Etat ne peut pas prendre le risque d’attendre des mois pour être certain de son sauvetage, car aucune entreprise ne peut improviser le remplacement d’Atos dans la sécurité des Jeux Olympiques à six mois des Jeux. Et si Kretinsky ne rachète pas Tech Foundations, c’est la viabilité entière de Atos qui devient aléatoire ».

https://www.challenges.fr/entreprise/cession-d-atos-bds-les-negociations-avec-airbus-avancent_880607?coming-from-deja-abonne=true

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