Nouveau rebondissement dans le feuilleton Atos avec la démission lundi 16 octobre du PDG, désavoué par tous ses interlocuteurs. Le groupe français de service informatique est acculé à la scission pour éponger ses dettes. C’est la reprise partielle par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky qui est controversée.
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Jusqu’au début des années 2020, Atos est considéré comme un joyau de l’économie française. Auréolé de sa prodigieuse croissance. Le groupe a triplé de volume en moins de dix ans, il s’est hissé parmi les dix premiers mondiaux des services numériques aux entreprises, en multipliant les acquisitions à l’étranger sous l’impulsion de Thierry Breton. Il quitte le groupe en 2019 pour rejoindre la Commission européenne. Atos est aussi un groupe en pointe dans des activités à forte croissance comme la cyber sécurité ou les calculs de haute performance, le cloud ou le big data ou l’intelligence artificielle. Sa filiale Eviden vient par exemple de remporter l’appel d’offres pour mettre au point le supercalculateur le plus puissant d’Europe destiné à un labo allemand. Atos est le seul acteur européen dans cette industrie largement dominée par les Américains et les Chinois.
Atos est aussi une entreprise clé pour la défense nationale…
Atos assure la sécurité des communications de l’armée et du renseignement. Son savoir-faire en matière de calcul sont indispensables au programme de simulation des essais nucléaires. Cette entreprise française joue donc un rôle stratégique. C’est l’opinion des militaires, ils ont été les premiers à donner l’alerte au gouvernement lorsque les difficultés financières commencent à faire surface. Atos est lesté par 2,3 milliards de dettes, l’entreprise doit absolument trouver de l’argent frais pour honorer les échéances. L’an dernier, la grande muette fait part de ses plus grandes réserves sur l’éventuel rachat par une société étrangère. Plusieurs sociétés tricolores manifestent leur intérêt, mais elles sont ignorées par Bertrand Meunier, le PDG contraint hier à la démission. En revanche, cet été, il retient l’offre du Tchèque Daniel Kretinsky.
Une solution qui suscite un rejet général
Les actionnaires, les militaires, les parlementaires : tous sont opposés au milliardaire tchèque. Les premiers se sentent lésés. Daniel Kretinsky reprend certes l’activité historique des services informatiques aujourd’hui la moins rentable, mais la totalité de la dette reste dans le giron du groupe. Pas vraiment convaincant sur le plan financier. Début août, 82 députés et sénateurs signent une tribune pour apporter leur soutien aux militaires. Pour eux, pas de doute, la société doit rester française. Surtout sa branche la plus sensible, Eviden, celle qui chapeaute les activités les plus dynamiques et les plus utiles à l’armée. Car en contrepartie de la reprise des services informatiques, Daniel Kretinsky se voit offrir 7,5% de cette filiale. Le gouvernement apparemment y consent. Comme le repreneur est européen et sa participation minoritaire, la commission de contrôle des investissements étrangers n’est pas compétente sur le sort d’Eviden. L’opération était prévue avant la fin de l’année, avec l’arrivée aux commandes de Jean-Pierre Mustier, elle est reportée à 2024.
Faut-il avoir peur de Daniel Kretinsky ?
Daniel Kretinsky a fait fortune chez lui dans le secteur de l’énergie. Cet investisseur francophile a d’abord suscité la méfiance en France, il est aujourd’hui considéré comme providentiel. Il a racheté le poids lourd de l’édition Editis cédé par Bolloré puis les supermarchés Casinos. Propriétaire de plusieurs magazines, il a aussi renfloué Libération et renoncé à sa participation dans le quotidien du soir Le Monde. Jusqu’à maintenant sa présence dans les médias n’a pas fait l’objet de critiques. Dans son pays d’origine en revanche, le ministre de l’Énergie est dubitatif. Selon le Financial times il s’interroge sur les attaques violentes que son gouvernement a endurées de la part du tabloid Blest en partie détenu par le milliardaire, depuis que l’État a préempté un opérateur de gazoduc qu’il convoitait.
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Merci map
N’a pas fait l’objet de critiques ?? Il aurait promis un certain nombre de choses en rachetant des mines en France et n’aurait jamais rien tenu…