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EXCLUSIF – Pour sa première interview depuis son arrivée aux manettes, le président d’Atos veut que tous les acteurs prennent leurs responsabilités pour éviter la déroute du groupe.
Les pourparlers avec Daniel Kretinsky «prennent plus de temps que prévu»
Endetté à hauteur de 5 milliards d’euros, dont 2,25 milliards arrivent à échéance l’an prochain, Atos est dans une situation alarmante. « Les discussions avec les créanciers sont critiques pour l’avenir du groupe. Il faut que l’incertitude sur leur issue soit la plus courte possible », reconnaît Jean-Pierre Mustier. Ces négociations portent notamment sur le prêt de 1,5 milliard qui arrive à échéance en janvier 2025, qu’il faut refinancer. Autant dire que le groupe n’a pas de temps à perdre. « Trouver un accord avec les banques est une question de semaines ou de peu de mois », prévient le président du conseil d’administration.
Et dans le cas contraire ? Mercredi, Atos évoquait la possibilité de demander la protection du tribunal de commerce, par l’ouverture d’une conciliation ou d’une procédure de sauvegarde. « Ce n’est pas une menace, assure Jean-Pierre Mustier. Nous discutons avec un groupe de 22 banques. Ayant été banquier, je connais la façon dont elles réagissent et il peut y avoir des divergences d’intérêts entre elles. Il est très important que nos partenaires bancaires avancent de manière unie. » Et d’assurer, en guise d’avertissement : « les banques et conseil d’administration porteront la responsabilité de l’avenir d’Atos et de ces 100.000 employés. »
La négociation avec les banques dépendra à la fois de l’issue des pourparlers avec Daniel Kretinsky sur la cession de TechFoundations et de ceux avec Airbus sur la vente de la branche cyber et big data (BDS), pour laquelle Atos pourrait récupérer jusqu’à 1,8 milliard d’euros. Dans les trois cas, le groupe a rappelé qu’il n’y a aucune certitude qu’elles aboutissent. Les pourparlers avec le milliardaire tchèque « prennent plus de temps que prévu », a concédé Atos. Une façon polie de dire que les négociations se sont durcies ces dernières semaines, avec les équipes de Kretinsky, réputées intraitables ? « Il n’y a pas à être inquiet, assure Jean-Pierre Mustier. J’ai vendu beaucoup d’actifs dans ma vie, je sais, moi aussi, être dur en affaires. Cela fait un certain nombre de mois que nous négocions. Il faut qu’on arrive à conclure rapidement mais nous n’avons pas fixé de date limite pour ne pas nous mettre dans un goulot d’étranglement. »
Nous avons essayé de faire baisser le volume des rumeurs et spéculations sur Atos. Cela perturbe nos clients, et nos employés. Il faut de la sérénité.
Jean-Pierre Mustier
Les discussions avec Airbus sur BDS sont, elles, plus récentes, mais le dirigeant se montre beaucoup plus confiant sur ce dossier que sur les deux autres. A-t-il reçu des garanties que l’exécutif et notamment le ministère de la Défense ne s’opposeront pas à la cession des actifs stratégiques (nucléaires et militaires) présents dans BDS à Airbus, groupe jugé par certains comme trop allemand ? « Nous n’aurions pas annoncé ces négociations avec Airbus si nous avions un doute sur la capacité de cet accord d’aller à son terme, sans qu’aucune partie prenante ne s’y oppose. Le seul élément qui pourrait faire échouer cette cession serait un désaccord financier », glisse Jean-Pierre Mustier.
Dans l’éventualité d’une double cession, qui acterait le démantèlement d’Atos, reste à savoir si l’entité résiduelle Eviden serait viable ou promise à être croquée. « Ce qui nous guide, au-delà d’avoir le bon prix sur ces actifs, n’est pas la taille du nouvel Atos mais d’avoir un mix d’activité attractif pour nos clients et pour nos employés », explique le président. Impassible, Mustier confie sa volonté d’avancer « avec détermination mais sans précipitation » sur tous les dossiers. « Nous avons essayé de faire baisser le volume des rumeurs et spéculations sur Atos. Cela perturbe nos clients, et nos employés. Il faut de la sérénité », martèle-t-il.
Convaincre les actionnaires
La situation peut sembler plus sereine depuis la démission du conseil de René Proglio, qui s’opposait à la stratégie du groupe, au point d’avoir écrit une lettre au gendarme de la Bourse. « Les administrateurs ont un devoir de loyauté et de confidentialité », rappelle, cinglant, le nouveau président d’Atos. La tension devrait néanmoins rester forte à l’approche d’une assemblée générale qui s’annonce sous haute tension. Beaucoup d’actionnaires sont opposés au démantèlement et notamment à la cession de TechFoundation, qu’ils jugent à des conditions trop favorables au tchèque.
Le négociateur Mustier devra convaincre les actionnaires à commencer par le premier, OnePoint. Détenteur d’un peu plus de 11 % du capital de l’entreprise, le groupe dirigé par David Layani pèsera forcément lors du vote qui devra acter les cessions et nouvelles orientations d’Atos. « Nous avons salué l’arrivée de OnePoint et David Layani, qui a des intentions positives pour le groupe. Nous avons avec lui une convergence de vue sur la vente de BDS et l’évolution des discussions avec Daniel Kretinsky », veut croire Jean-Pierre Mustier.
https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/jean-pierre-mustier-atos-au-figaro-je-sais-moi-aussi-etre-dur-en-affaires-20240105
DÉCRYPTAGE BLOG
Même si cet article est somme toute assez banal après le point de marché du 3 janvier enfin transparent (merci l’AMF) et son communiqué fleuve; et, que JP vient juste en rajouter une couche pour dire “attention les banques, même pas peur d’aller en sauvegarde” et “Kretinsky si tu ne baisses pas ton prix, ton deal tu peux te le mettre là où je pense”, et enfin : “les actionnaires j’ai à vous annoncer que soit on sauve la boite, soit le cours, mais pas les deux, donc on va sauver la boite, préparez-vous à une zone de turbulence ! ” et dénote cependant des interviews soporifiques et propagandistes de Meunier aux relents de la plus belle époque Kroutchévienne (j’ai évité le terme Stalinienne pour pas que Bertrand s’étouffe en lisant l’article), il nous apparaissait important de faire un petit “article-débrief” qui soit une synthèse de l’interview, du communiqué du 3 janvier et de quelques infos off pour savoir où en sommes nous vraiment.
CLIQUEZ ICI, pour lire le débrief-blog “Meunier en chef de Guerre“.
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Source intéressante : https://www.cgtatos.org/rapport-dexpertise-la-verite-si-je-mens/
Interview très intéressante.
Ca change des histoires à l’eau de rose de Meunier (soit il était intoxiqué soit il intoxiquait)
Mustier a vite compris qu’Atos dans sa forme actuelle n’est pas viable et le dit.
Trop de dettes pas assez de cash-flow (voir un CF négatif).
Le souhait d’augmenter la productivité est obligatoire il ne sera pas suffisant
Il va falloir de l’ingénierie financière.
Il a la bonne expérience pour gérer ceci, il ne gère pas l’opérationnel.
Par rapport à Meunier, la différence est dans le constat réaliste et la communication.
En gros on négocie pour vendre au mieux certains blocs et ramener la dette à un niveau supportable.
Un chantier opérationnel pour le management est de faire un evidien générant du cash.
Les recettes sont connues :
– couper dans les projets négociés à perte
– augmenter les taux d’occupation et les TJM des billables
– augmenter le ratio billable / effectif total (réduire le nombre de non billable, replacer les prestataires par des internes, pour ceux qui sont billable (management technique) leur donner un objectif de facturation individuel, etc.)
– faire la chasse aux coûts
– Booster le commerce
– etc.
Il me semble qu’il y a suffisamment de management opérationnel (voire même trop) pour réaliser ceci (à moins qu’ils ne pensent que ça va arriver par la grâce divine)
Après où va atterrir le cour d’evidien en termes de cours
– Une cible 3 – 5 semble réaliste (dépendant du fait que l’on peut ou pas garder Syntel).
– La bonne nouvelle est qu’il y a suffisamment d’actif pour éviter un scnéario Casino sauf si les créanciers jouent trop aux durs.
A noter Mustier parle d’un Evidien viable pas d’un Evidien autonome.
Un evidien plus petit, “désendetté” va intéresser du monde
– En premier onepoint
– Mais aussi CGI, Sopra, Cap., Inetum ne serait-ce pour enterrer définitivement un concurrent (Atos) sans en voir renaitre un autre (onepoint+evidien) plus agressif et mieux géré (ce qui n’est pas dur)
C’est là ou peut-être se justifie le fait que le cours se maintienne à 6-7..
Ca n’ira pas beaucoup au-dessus (9-10 par grand vent semble déjà optimiste)
La bonne tactique à court terme me semble être
vendre sur les cours actuel 6 – 7+ (on abandonne un upside hypothétique)
racheter vers 3-4 (risque faible et upside intéressant)