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Les négociations avec Daniel Kretinsky pour la reprise de Tech Foundations abandonnées, le redressement financier du géant français paraît désormais impossible. Et le dossier, de plus en plus politique.
Par Régis Soubrouillard le 09.03.2024 à 08h00 Lecture 5 min.
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Un coup d’épée dans l’eau. En cours depuis le 1er août 2023, les discussions entre Atos et le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky pour le rachat de Tech Foundations, la branche infogérance du géant français, n’ont finalement débouché sur rien. « Les deux parties ne sont pas parvenues à un accord mutuel satisfaisant », expliquait le groupe dans un communiqué le 28 février, ajoutant que la décision avait été prise d’un « commun accord ». Le dossier était devenu tellement sensible qu’aucune rencontre n’avait eu lieu depuis plusieurs semaines entre Atos et les proches de Daniel Kretinsky, malgré les nombreuses sollicitations de ces derniers.
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Un nouveau coup dur dans l’incertaine opération de sauvetage d’Atos. « Ne pas vendre Tech Foundations rend désormais le redressement financier du groupe impossible, confie un banquier d’affaires au fait des négociations. Vendre, c’était déclencher une tempête politique et une fronde des petits actionnaires. Mais annoncer la fin des négociations avec Daniel Kretinsky est très difficile car Atos peut perdre la confiance des banques. Bref, c’est une équation insoluble. »
Un mur de dette
Ces négociations avec EPEI, le holding de Daniel Kretinsky, s’étaient pourtant déroulées de façon plutôt positive jusqu’à la fin de l’année 2023. Des deux côtés, on montrait alors un certain optimisme sur l’issue du deal. « Nous avions accepté de transférer le montant initialement investi sur Eviden vers Tech Foundations, indique-t-on dans l’entourage de Kretinsky. Cela nous paraissait déjà beaucoup, mais ils voulaient plus. Atos souhaitait aussi transférer des garanties. L’opération était déjà extrêmement risquée, elle est devenue absolument déraisonnable. Les points de vue auraient pu se rapprocher, mais… » Du côté d’Atos, on assure qu’il n’était question que d’une « compensation supplémentaire étant donné que les négociations allaient se prolonger au lieu de se terminer à la fin de l’année ».
Par ailleurs, le 28 février, le groupe a annoncé le report à la fin du mois de mars de la publication de ses résultats annuels initialement attendus le 29 février, à la demande de ses commissaires aux comptes. Les cabinets Deloitte et Grant Thornton « sont en attente d’un rapport de revue d’activité indépendante pour compléter leur audit des résultats des tests annuels de perte de valeur du goodwill [survaleurs] », détaillait Atos dans un communiqué.
La sécurité informatique des jeux Olympiques
Si la reprise de Tech Foundations est abandonnée, la partie n’est en revanche pas forcément terminée pour le milliardaire tchèque. Kretinsky aurait informé Bercy de son intérêt pour déposer une offre globale de reprise dans l’hypothèse de l’ouverture d’un plan de sauvegarde accéléré d’Atos. David Layani, déjà actionnaire d’Atos à hauteur de 12 % et entré au conseil d’administration, serait également candidat à une reprise du groupe avec le soutien du fonds américain Carlyle.
La solution globale pourrait prendre plusieurs formes : soit la reprise du projet de cession de Tech Foundations parallèlement à celle d’Atos BDS et peut-être d’autres actifs sous les auspices du mandataire ad hoc. Soit une restructuration avec un écrasement de tout ou partie de la dette, de nouveaux investissements et une probable cession de BDS – qui fait actuellement l’objet de négociations avec Airbus.
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Des options encore hypothétiques. Mais selon nos informations, du côté de Bercy, c’est bien le candidat Kretinsky qui serait privilégié en cas de reprise et à la condition de la vente des activités stratégiques d’Atos (supercalculateurs, cybersécurité, cloud) à un acteur français. En novembre dernier, Bruno Le Maire avait déclaré que le gouvernement « veillerait à ce que les activités les plus sensibles restent bien sous le contrôle de l’Etat français », tout en écartant toute nationalisation ou même une participation dans Atos.
Le dossier est devenu délicat. D’abord sur le plan politique, avec l’ouverture d’une mission d’information au Sénat qui tente de comprendre les raisons qui ont conduit à une telle situation. Ensuite, compte tenu du rôle hautement stratégique que joue le groupe dans la sécurité informatique des jeux Olympiques de Paris : « Cela pose un vrai problème de timing, signale une source. Soit il faut sauvegarder Atos jusqu’aux jeux Olympiques, ce qui pourrait obliger à une intervention de l’Etat sous une forme quelconque, soit il faut accélérer le processus de reprise mais en général, c’est assez long. » La cérémonie inaugurale a lieu dans cinq mois.
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