PRÉFACE
Tout comme dans l’article du blog hier soir, Challenges évoque une procédure collective possible à très court terme sur Atos. Challenges est moins précis que le blog, dans le sens où il ne parle pas de tentative de Meunier de court-circuiter les actionnaires, mais il évoque la fragilité évoquée par plusieurs sources qui fait sentir l’imminence d’une procédure collective et d’une AK d’un montant plus élevé que prévu. Hypothèse que le blog prend désormais pour acquise à cause de la sous-estimation manifeste de l’amende Syntel pour la direction d’Atos, même sans entrée d’un nouvel actionnaire.
Challenges sous-entend à demi-mot qu’en plus de l’AK classique, une AK serait réservée à un actionnaire référent qui semblerait être la BPI au travers des lignes de Challenges. Mais nul espoir que la BPI n’entre autrement qu’à prix privilégié [de sauveur en alternative à une procédure collective] pour jouer ce rôle d’actionnaire de référence. Je maintiens ma reco court terme à vendre avec objectif à 5.80€ (opinion personnelle de blogueur amateur).
COPYRIGHTS CHALLENGES – EXCLUSIF – Dans une note rédigée par l’ancien directeur du CEA (Commissariat à l’Energie Atomique) et destinée à l’Elysée, Daniel Verwaerde défend l’idée de souveraineté nationale en ce qui concerne le dossier Atos. Acteur influent dans le milieu du nucléaire, il estime que les choix actuels pourraient conduire à un “démantèlement fatal à l’entreprise”.
Le dossier Atos n’en finit pas d’attiser les passions dans les milieux de la politique et de la finance. Mais ce n’est pas tout, la scission d’Atos en deux parties et la vente d’une d’entre elles au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky suscite également des réactions dans le secteur du nucléaire.
Ainsi, Challenges révèle une note adressée le 6 septembre dernier à l’Elysée et rédigée par Daniel Verwaerde, ancien administrateur du CEA (Commissariat à l’Energie Atomique), et toujours consulté par le Conseil de Politique Nucléaire qui défend l’idée d’un “plan de sauvetage d’Atos alternatif aux menaces de démantèlement”. Atos et le CEA collaborent depuis de longues années pour la mise au point de supercalculateurs destinés à avoir des applications civiles ou militaires dans la simulation des essais et des armes nucléaires.
La préoccupation majeure de l’auteur de la note, toujours très influent dans le secteur du nucléaire, concerne la “souveraineté numérique” de la France. Une préoccupation partagée par le groupe LR à l’Assemblée nationale qui doit proposer cette semaine un amendement au projet de loi visant à réguler l’espace numérique pour sécuriser les “entreprises stratégiques” en allant jusqu’à la nationalisation si nécessaire.
Atos, “fournisseur clef de la défense nationale”
Daniel Verwaerde ne va pas jusque là dans sa note même s’il souhaite “attirer l’attention sur la situation particulièrement critique que traverse l’entreprise Atos qui doit être considérée comme une entreprise majeure de la souveraineté numérique de la France, avec les enjeux stratégiques qui découlent de cette situation.”
L’ancien administrateur du CEA souhaite d’abord rappeler que bien que coté en Bourse, le spécialiste de services du numérique “n’a plus aucun actionnaire de référence” et qu’il “est confronté à une détérioration grave de ses performances qui résulte de l’absence de stratégie cohérente, d’acquisitions ratées ou inopportunes et de problèmes de gestion”.
Une situation qui entrave, selon lui, “la capacité de l’entreprise à innover, capacité qui avait fait sa réputation et qui lui a permis de s’établir comme le fournisseur clef de La Défense nationale, notamment de la Dissuasion, en matière de supercalculateurs et de cyber-technologies.” Un choix stratégique majeur qui remonte notamment à l’acquisition de Bull en 2014 quand Atos était dirigée par Thierry Breton, aujourd’hui commissaire européenne.
Atos BDS (ex-Bull) est considéré dans les milieux de la défense comme le seul constructeur français et européen capable de fournir de manière autonome les supercalculateurs dont le ministère des Armées a besoin pour la dissuasion nucléaire française et donc un enjeu majeur pour la souveraineté nationale.
L’hypothèse Kretinsky, un démantèlement fatal à l’entreprise
En revanche, le constat de la note est sans appel sur les erreurs commises par les différentes directions d’Atos sur la stratégie industrielle du groupe “inefficace” et des initiatives “malheureuses” qui sont en train de “conduire à la compromission des compétences les plus sensibles pour la dissuasion et à la remise en cause de l’intégrité de l’entreprise qui se traduisent aujourd’hui par un projet de démantèlement”.
S’il ne cite pas l’actuel président du conseil d’administration du groupe, Bertrand Meunier, ni le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, l’ex-administrateur du CEA dénonce clairement le projet de scission d’Atos en deux entités, Eviden et TechFoundation, qu’il qualifie de “démantèlement”. Un démantèlement qui serait “fatal” à l’entreprise s”’il se réalisait et, corollaire classique, l’exposerait à des tentatives multiples de prédations industrielles et financières. Sous-jacentes à cette situation, des contraintes financières qui résultent d’une accumulation de déficits et de dettes s’ajoutent aux difficultés structurelles et l’exposent à une cessation de paiement imminente”.
Daniel Verwaerde appelle donc l’Etat à “marquer son désaccord de toute urgence” à la cession de TechFoundation à Daniel Kretinsky, actuellement en “négociations exclusives” avec Atos et conseille un “plan alternatif préservant l’intégrité de l’entreprise et assurant son développement à moyen terme”.
D’abord, selon lui, “les deux divisions qui constituent en effet aujourd’hui Atos, Eviden et TechFoundation, ne pourront pas se développer l’une sans l’autre.” Une façon précise de contester le plan élaboré par l’actuelle direction d’Atos : Il précise : “Effectuer une scission de l’ensemble pour céder le contrôle de l’une ou l’autre de ces divisions conduirait à la mort certaine des deux à relativement court terme. Une telle stratégie est de plus inacceptable par les banques créancières”.
Un risque également pointé par les petits actionnaires d’Atos dont certains redoutent une procédure de sauvegarde sur une des filiales pour éviter le dépôt de bilan.
Une restructuration pour se concentrer sur les activités stratégiques du groupe
Pour échapper à cette issue critique, l’auteur préconise un plan en cinq points qui comprend une atténuation de la pression financière sur l’entreprise par une augmentation de capital d’un milliard d’euros, un nouveau pacte d’actionnaires qui pourrait comprendre un ou deux acteurs reconnus de la défense – le groupe Thales est régulièrement cité -, du numérique et de la cyber français associés avec un investisseur institutionnel, une gouvernance rénovée tant au niveau de la direction que du conseil d’administration – une façon “diplomate” de dire que l’actuelle direction d’Atos devrait sauter. Mais également une restructuration profonde de l”entreprise qui devra se focaliser sur ses activités stratégiques, ce qui pourrait conduire à une division par trois de l’actuelle taille d’Atos.
En conclusion, l’auteur de la note estime que “la gravité de la situation d’Atos appelle une réponse immédiate et concertée de l’État avec les initiateurs de ce plan et toutes les parties intéressées pour préserver les intérêts stratégiques de la France en matière industrielle et de souveraineté”. Une façon claire de privilégier une solution 100% française dans la restructuration d’Atos.
https://www.challenges.fr/high-tech/atos-la-note-destinee-a-macron-qui-detruit-l-hypothese-d-une-reprise-par-daniel-kretinsky_867869
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