Cyber ATOS : 24h avant l’interview de Léo Apotheker, Patrice Caine déclare sur la même chaine BFM, qu’un accord est toujours possible entre Thalès et Atos – Et si d’aventure… (Analyse-blog)

 

Lorsque que j’ai mis en ligne le replay de l’interview fort intéressante de Léo Apotheker, je suis tombé par hasard sur une interview de Patrice Caine, mercredi 21 après-midi, durant l’émission d’Hedwige Chevrillon un quinzaine d’heures avant que Léo Apotheker n’arrive dans les studios de BFM. J’ai donc pensé à une coïncidence et puis l’évidence m’est venu à l’esprit. BFM veut depuis 18 mois marier la Cyber Atos avec celle de Thalès. Ce ne pouvait donc pas être une coïncidence. Pour moi il s’agissait clairement d’un message de Patrice Caine envoyé aux actionnaires d’Atos, disant “vous avez le choix, démanteler votre groupe ou le garder en me vendant 60% de votre Cyber, à savoir la Cyber militaire et aéronautique”. Et en substance : “avec la direction actuelle, c’est le démantèlement…”

Il s’agissait aussi peut-être d’un message à Léo Apotheker pensant qu’il aurait été brieffé par Cyril Charlot de Sycomore AM et qu’il évoquerait le sujet de réouvrir des discussions avec Thalès….

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De l’avis de plusieurs membres éminents de notre forum, le dossier Thalès était définitivement plié. Sauf pour Seb, auteur de l’article “La Cyber est un jeu qui se joue à 11 et à la fin c’est Thalès qui gagne”, article toujours d’actualité et que je vous invite à relire.

Les premières approches ont eu lieu durant les derniers jours de janvier 2022 entre Rodophe Belmer et Patrice Caine. À cette époque, on était en pleine bulle de la Cyber (voir article “la bulle Cyber se dégonfle) et BDS (sans que l’on ait vraiment su si les discussions avaient porté sur la Cyber seul ou BDS en totalité) était estimé entre 2.5Md€ et 3Md€. Un chiffre avait filtré dans la presse (probablement encore Pechberty) de 2.7Md€. Selon mes informations, le montant était de 2.5Md€.

A l’époque les rumeurs les plus folles d’OPA, fakes bien-sûr et comme 90% des news de Matthieu Pechberty (à coté de qui je suis un enfant de coeur) et relayées par tous les autres médias, sans aucune autre vérification que de citer les dires de Matthieu Pechberty.

Selon nos informations, ces rumeurs d’OPA étaient simplement le reflet d’une obsession de Bertrand Meunier à en parler et il n’y a jamais eu, nous sommes formels, de projet en ce sens chez Thalès, et le fait d’embaucher Diane Galbe experte anti-OPA a relancé les rumeurs les plus folles en avril. Pour en avoir discuté avec Vincent Rouaix, PDG de Inetum à l’époque, l’ESN appartenant à Bain Capital, cité par Pechberty, il  n’a jamais été une seule seconde question non plus de marier Inetum avec Atos. OPA fausse à la fois sur le fond (sa véracité) et sur la forme (les acteurs).

Notre OPA Sopra dont nous étions sûr à 70% (si nous l’avions annoncé comme un certitude, ça aurait été soit un canular, soit un délit d’initié) a par contre réellement été un temps envisagé, puisque Pierre Pasquier a bien approché Bertrand Meunier à l’automne 2021, mais Meunier en voulait 60€… Donc Pasquier est reparti aussi vite qu’il était arrivé pour ne pas avoir à partager le repas de midi avec Meunier 😀

Ayant discuté avec une personne très proche de la direction d’Atos, il y a quelques mois, j’ai pu en savoir plus sur ces discussions à tort assimilé à des envies d’OPA de Thalès.

Initialement Rodolphe Belmer sidéré de l’état apocalyptique d’Atos à son arrivée très différent de ce qu’on lui avait décrit, et conscient des montants à investir pour reconstruire TFCo, avec du potentiel de résultat net sur 5Md€ de CA TFCo avec 6% de MOP sous 3 ans, gardait espoir en TFCo, qu’il mettait sur la balancer avec l’abandon de 700M€ de CA de la Cyber réalisant 8% de MOP*  (*MOP de la cyber sur l’exercice 2021 à l’arrivée de Belmer, qui a baissé en 2022) faisait que non seulement la vente de la Cyber compensait largement les coûts de restructuration, mais restaurait une grosse partie des capitaux propres amputé de 2.9Md€ en mars 2022.

Comme le disait dans son interview Léo Apotheker, dans ce métier il faut avoir de la vision, ce que n’a pas eu Bertrand Meunier. Il n’a pas compris cette notion de bulle, persuadé probablement que la Cyber à échéance 5/6 ans réaliserait 50% du CA de Atos, et les membres du CA n’ayant aucune connaissance dans ce domaine à part 1 membre parmi les administrateurs non indépendants, il a été aisé de les convaincre. Quant à Louis Farès, CFDT, il est totalement inféodé à Bertrand Meunier.

Avoir de la vision, c’est comprendre qu’il y a des dizaines de spécialités dans l’informatique et qu’on peut très bien gagner sa vie sans Cyber ou avec peu de Cyber. C’est le cas de CapGemini qui a très peu de Cyber et qui fait 12% de MOP sur la totalité du groupe.

Bien-sûr Rodolphe Belmer n’était pas stupide, il savait que c’était un sacrifice, lié à l’implosion en vol d’Atos en 18 mois. Sa proposition a été laminée par le Conseil d’Administration moutonier envers Bertrand Meunier. Cette solution dure, mais tenable, puisque, répétons le CapGemini fait 12% de MOP presque sans Cyber, aurait financé la totalité de la restruration de TFCo et reconstitué 1.5Md€ de fonds propres et ramené la dette nette à 0.

A cette époque, le plan de scission n’était qu’au stade des discussions préliminaires. Au fil des semaines, voyant que le Meunier et CA avançait sans le consulter dans le plan de scission, il est même allé jusqu’à voter contre le plan de scission durant le vote du conseil d’administration (je rappelle que Belmer avait été coopté administrateur) , ce qui a provoqué le courroux de Bertrand Meunier (les murs s’en souviennent…), raison pour laquelle aucun des trois DG n’a cette fois été coopté au CA. Quand je vous dis que Bertrand Meunier est parano, ça n’est pas du mépris gratuit, mais du factuel. Un de nos membres a dit qu’il relevait de la psychothérapie, je le pense aussi.

Début mai, Rodolphe Belmer travaille sur un plan parallèle. Il consulte les cadres de BDS et part du principe qu’il y a 3 sections distinctes dans la Cyber. Les managed secured services, ancien nom de la Cyber avant le rachat de Bull et indispensable à TFCo, puisque maintenant tous les serveurs sont vendus avec des Parefeu très sophistiqués. Ensuite il y a la Cyber traditionnelle qui s’adresse à toutes les entreprises. Enfin il y a la cyber très sophistiquée, notamment pour les usages militaires.

Son idée était de spliter d’une côté l’ex division managed services, quasi 100% dédidée à TFCo et d’y joindre une partie de la Cyber civile, faisant partie égalements de packages vendus à tes clients TFCo et tout ce qui était Cyber militaire, aéronautique, et celle liée aux services de l’état, données sensible souveraines, police, espionnage, contre-espionnage,…

3 jours avant l’AG, il explique son plan à Bertrand Meunier en lui demandant de le soumettre au CA. 50% de la Cyber serait vendu à Thalès pour 1.5Md€, celle la plus stratégique pour Thalès, mais aussi la plus chère, mais qui ne rapporte pas pour autant beaucoup car l’état est un très bon acheteur, et les 50% restant, les moins valorisés, mais les plus indispensables seraient conservés et intégrés à TFCo.

Ce plan avait l’adhésion de la plupart des cadres impliqués, pas de tous, il faut dire la vérité, mais  de presque tous, car c’était une très bonne demi-mesure, ceux étant amenés à intégrer Thalès ne le voyait pas forcément d’un mauvais oeil, car c’est plus une société qui fait envie que pitié, les capitaux propres étaient renforcés, les covenants bancaires devenaient de l’histoire ancienne MAIS, MAIS surtout, le groupe n’était pas démentelé (n’est-ce pas Mme Soleil 78, car si une scission ce n’est pas un démentellement, je ne connais plus rien à rien…). Il demande à Bertrand Meunier de ne pas annoncer le plan durant l’AG et de différer le CDM du 14 juin le temps de présenter son plan au CA.

Mais Bertrand Meunier n’est pas un pragmatique. Même si vous ne le connaissez pas, vous aurez compris ne serait-ce qu’à travers ces quelques lignes qu’il est plutôt typé obsessionnel et névrotique. N’ayant pas digéré le votre contre de Belmer lors du conseil d’admnistration qui a entériné le plan. Il formule un non ferme au motif que c’est la Cyber qui fait la valeur de Atos. Les faits on montré le contraire, car Airbus n’a pas voulu d’Eviden, donc la Cyber Atos n’est pas mis en externe sur le même pied d’estale qu’aux yeux de Bertrand Meunier.

Après le démenti d’intérêt de Thalès sur Eviden en janvier et tout récemment l’achat par Thalès d’une société de Cyber Australienne au CA de 150M€, un membre m’a récemment dit “qu’en penses-tu, avec l’achat de la sté australienne, le dossier Thalès c’est totalement plié”. Je lui ai répondu quasi convaincu également “oui je pense”. Un mois avant, plusieurs éminences de notre forum, comme Euro17, Matabeta et Lamaban avaient conclu que le dossier Thalès était totalement entéré….  Sauf Seb, l’auteur de l’article “La cyber est un jeu qui …. ” 😀

Maintenant chez lecteurs, je vous pose la question. Quand un éminent PDG tel que Patrice Caine, un des 10 patrons les plus en vue du CAC40, surdoué de l’avis de tous ceux qui le connaissent, accepte de venir à BFM, il demande les questions à l’avance vous l’imaginez bien. Et BFM ne va pas faire la fine bouche 🙂  Donc Patrice Caine démarre l’interview en sachant qu’on va lui parler de Atos. Et ça veut aussi dire qu’il a par avance accepté la question.

Et là, oh surprise, Eviden toujours NIET certes, mais la Cyber d’Atos… oh suprise, pourquoi pas!!  “Mais si d’aventure on pouvait faire quelque chose dans la Cybersécurité avec un groupe comme Atos, alors là forcément on s’y intéresserait… Mais comme Atos a expliqué ne pas être intéressé, c’est pour ça que j’ai toujours dit ‘il n’y a pas de dossier Atos’ “ et au moment il conclue en prononçant cette phrase, ceux de vous qui sont un peu intéressé en expression faciale et gestuelle, y reconnaitrons aisément un sourire taquin. Pas forcément les yeux du loup de Tex Avery comme je l’avais initiallement dit, mais un sourire très taquin… précis…

 

 

Allez, pour le plaisir, on se refait des 10 dernières secondes [Le 21 juin 2023].

Comme ça vous ne pourrez pas dire que j’affabule 😉

 

Cette phrase “il n’y a pas de dossier Atos”, est donc l’aveux que Thalès est sur le qui vive pour réouvrir le dossier Atos, et comme tout premier ministre nouvellement nommé de la 4ème république allait faire sa première visite officielle à Washigton, si d’aventure Léo Apotheker était nommé à la tête d’Atos, voir tout autre personne qui serait nommé à ce poste, Monsieur Proglio, Nourdine Bihmane… aurait pour premier invité externe, à n’en pas douter, la visite de Patrice Caine et le plan du lundi 16 mai 2022 de Rodolphe Belmer peut-être réssucité.

Faisons des calculs d’arithmétique. Si TFCo retourne à 8% de MOP en 2026, elle vaudra sur des ratios d’Ebit similaires à DXC le prix de 2 millards d’Euros.

A +/- 100M€ près, en incluant les pertes 2023 et 2024, et la fin du plan de restructuration de 780M€ (somme restante mentionnée le 7 juin) cela fait 1 Milliard de cash à sortir. Donc même dans l’hypothèse où l’on veuille quand même céder TFCo en 2026, on gagnerait 1Md€ dans le deal. 2Md€ de prix de cession – 1 millard d’euros à sortir dans les deux ans qui viennent.

Donc cela ferait 1,5Md€ de gagnés, 1Md€ sur TFCo et  les 500M€ restant de la vente à 1.5Md€ des 60% de la Cyber Atos à Thalès (en supposant que Thalès ne réévalue pas son prix à la baisse, ce qui n’est pas gagné vu qu’ils ont moins besoin de la Cyber Atos aujourd’hui qu’il y a un an).

Et si TFco est conservée, elle générera à partir de 2026 300M€ de RN et 250M€ de FCF. Et en 2027 300M€ de RN et 300M€ de FCF et en 2028 300M€ de RN et 350M€ de FCF.

Si en 2026, le périmètre de Cyber qui serait cédée aujourd’hui, soit environ 500M€, arrivait à 700M€ de CA (je pars sur +40%, voir interview de JP Poirault CEO de BDS) et 12% de MOP (obj. très ambitieux) la vente de cette Cyber qui arracherait le coeur de Bertrand Meunier, seulement rapporterait si on la gardait, 60M€ de RN et 80M€ de FCF en 2026. Je rappelle que le plus gros de la MOP d’Eviden n’est pas faite par la Cyber mais par les App en général et Syntel en particulier (18% de MOP sur les 750M€ de Syntel, soit 3x la MOP de la Cyber) et je serais tenté de dire “heureusement vu le prix qu’on l’a payé”.

Une question doit vous venir à l’esprit. Pourquoi Thalès serait près à payer si chez quelque chose qui rapporte peu. Parce que Thalès ve devenir le n°1 mondial et qu’il veut le devenir vite pour s’imposer comme leader international de la Cyber. Parce que il peut vendre de la cyber militaire dans des packages avec d’autres armements et que là les MOP ne sont pas de 12, mais plutôt de 16 à 17%. Parce que Thalès est une boite bourrée de talents là ou Atos est convalescente et a connu beaucoup de fuites de talents après le départ de Pierre Barnabé, ex CEO de BDS entre 2014 et 2021. Et quand je dis “beaucoup”, d’après les ex-atos, c’est la majorité des talents de Cyber qui sont partis (je parle des managers, pas des ingénieurs à qui ce serait faire offense. C’est la raison pour laquelle la Cyber rame et progresse moins que le marché qui est de 10 à 12% et affiche une MOP famélique de 6 à 7%.

Quand vous êtes en train de couler, par exemple en faisant un chèque de 200 ou 250M€ à Kretinsky, et que quelqu’un au bord de la piscine vous tend la main, à un moment il faut savoir saisir cette main. Même si Rodolphe Belmer ne venait pas des ESN, il avait infiniment plus de talent que Bertrand Meunier. Son premier plan de cession de la totalité de BDS était peut-être un peu trop radical, surtout du coté des salariés Atos, qui sans être au courant des marges entre 0 et 2% de Big Data, voyait un joyau quitter la maison Atos. Par contre son plan de la dernière chance était sensé et on voit que au lieu de céder pour 1.5Md€ un périmètre qui rapportera en 2026 60 millions.

C’est donc un deal win-win qui attend le successeur de Bertrand Meunier et si vous votez POUR la résolution A, et pour la résolution D, et bien-sûr contres les résolutions 4,5,6 et 7, cette équipe d’aministrateurs “second couteaux”, bons pour des société du d’Euronext Growth, voir Alternex pour certains 😀

Fin de ce plan de scission d’ingénieurie financière à la McKinsey. Périmètre conservé, moins 500M€ de Cyber, soit 10Md€ de CA. Plan de restructuration de TFCo et Eviden entièrement financé, pas de tirage de ligne de crédit et donc convenants sous controle total.

Je pense que Patrice Caine est quelqu’un de très suptil est très patient. Il a vu que les choses bougent. Pour ne pas heurter le CA actuel, qui pourrait être amené à rester (même si pour moi la messe est dite), il a dit “il n’y a pas de dossier Atos chez Thalès”, tout en glissant cette belle phrase qui de surcrois est une expression que j’affectionne : “si d’aventure… Atos voulait discuter de la Cyber seule…”, on a bien compris vu son air très sérieux que la porte serait encore grande ouverte.

Mais à n’en pas douter, cette porte, dans un an, ne sera plus ouverte. Peut-être pas fermée à double tour, mais fermée. Il y a des mains tendues qu’il faut savoir saisir. J’espère que les lecteurs encore indécis pour voter et qui ne veulent pas faire un chèque à Kretinsky alors que je l’affirme, selon mes informations, le deal est scellé, et je ne parierait pas qu’il n’est pas signé (avec clause suspensive de ratification par une AGE, seul chose que l’on a appris dans l’article des lamentations du Figaro. Confirmation officielle des discussions Kretinsky. C’est au moins ça de gagné par rapport l’odieuse langue de bois “on étudie toutes les marques d’intérêts”, les dicussions avec Kretinsky sont désormais formelles et à priori pas encore signées, même si je ne mettrais pas mon doigt à couper là-dessus.

La fronde Sycomore fait désormais entrevoir un avenir alternatif, retour un an en arrière; conservation du périmètre actuel hors 50 à 60% de la Cyber et utilisation de Eviden comme marque commerciale ou filiale 100% intégrée au groupe et non plus un split.

L’interview de Léo Apotheker à Challenges a le mérite d’être plus claire que le micro entretien de BFM où les journalistes lui coupaient sans arrêt la parole. La scission aux yeux de Léo Apotheker n’est pas annulé, mais son avenir est suspendu à un audit sévère qui n’a jamais été réalisé, budget prévisionnels comparant les deux projets, et comme cette scission n’a jamais été conçue pour créer de la valeur, mais juste pour transférer la dette du groupe dans Eviden afin de vendre TFCo, dont on comprend désormais que cela faisait partie des plans dès le début. Sachant qu’on parle plus de vendre mais payer pour Kretinsky pour reprendre gratuitement TFCo, j’espère que les plus irréductibles de la scission vont enfin appuyer sur le bouton rouge et non pas sur le bouton vert.

Je rappelle qu’il s’agit d’un bouton PAUSE et pas d’un bouton fin, reprennant en ceci la lettre vaine adressée au Comex par votre serviteur dans l’article SCISSION PARTIE 2, Ne pas confondre vitesse et précipitation.

 

 

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