Les salariés impuissants voient le groupe s’effondrer comme un château de cartes. Comment Atos, censé être un des leaders mondiaux des services numériques, en est-il arrivé là ? Retour sur une décennie d’erreurs et d’instabilité stratégique, sous l’emprise d’une multitude de conseillers.
21 septembre 2023 à 14h46
sont là. Impuissants. Condamnés à être les muets du sérail, à regarder un combat qui les concerne au premier chef mais pour lequel ils n’ont pas leur mot à dire. Depuis des mois, les salarié·es assistent avec inquiétude, parfois avec colère, à la chute d’Atos.
Les directions successives leur avaient présenté leur groupe comme un fleuron technologique, un leader mondial des services numériques. Ils le voient jour après jour se déliter, sans savoir de quoi sera fait le lendemain, et même s’il y en a un.
Atos compte quelque 110 000 salarié·es, dont environ 11 000 en France. Dans la bataille de pouvoir et d’argent qui se déroule actuellement, leur sort semble pourtant indifférent aux uns et aux autres. Pas un mot, pas un signe ne leur est adressé, ni par les actionnaires, qui contestent les choix et la stratégie du groupe, ni par la direction. Tous paraissent les considérer comme quantité négligeable.
« Ce sont les salariés qui créent l’essentiel de la valeur », a rappelé la CGT Atos et Eviden dans une lettre ouverte adressée à la direction et aux administrateurs, le 11 septembre. Un rappel opportun surtout dans une entreprise de services qui compte 92 % d’ingénieur·es. Mais cette réalité semble échapper à la direction. Celle-ci ne leur dit rien, ne leur adresse aucun message, ne leur donne aucun chiffre. Comme les actionnaires, les salarié·es sont maintenu·es dans le brouillard.
« On a adressé 226 questions à la direction à la mi-août, pour obtenir des explications après les communiqués de résultats semestriels puis l’annonce de la cession programmée d’une partie du groupe à Daniel Kretinsky. Mais on n’en sait pas plus. La direction se contente de faire des périphrases de ses communiqués. Elle nous tient des propos lénifiants en nous soutenant que tout va bien, que rien ne change », résume Didier Moulin, un des responsables de la CGT du groupe.
Faute d’obtenir des réponses sur la situation financière de celui-ci, sur la vente programmée de la partie Tech Foundations au milliardaire tchèque, les membres du comité social et économique central du groupe ont déclenché un droit d’alerte le 5 septembre. Un cabinet d’expertise indépendant a été missionné pour faire une étude de la situation d’Atos. Il doit rendre son rapport d’ici deux mois. Mais la direction, qui considère le groupe comme sa chose, acceptera-t-elle de se plier à l’exercice, de leur donner les informations nécessaires ?
« Je suis assez indigné de ce que je vois et de ce que j’ai vu, qui est à la genèse d’un grand scandale industriel. Un groupe ne se retrouve pas dans une telle situation, ne perd pas 95 % de sa capitalisation boursière par hasard. Toutes les pierres doivent être soulevées », témoigne Pierre*, cadre du groupe. Pour lui, comme pour d’autres personnes, la débâcle d’Atos actuelle s’inscrit dans le temps long. Elle est le fruit de dix ans de dérives et d’erreurs, de fuites en avant, d’instabilités, stratégiques et managériales, sous l’emprise de banquiers et de conseils omniprésents.
Sous l’emprise des conseils
« Acquisitions, réorganisations, scission, cession… on a tout eu », résume Didier Moulin, de la CGT Atos et Eviden, qui dénonce un groupe vivant sous l’emprise des conseils. McKinsey, Boston Consulting Group, banquiers d’affaires, à commencer par Rothschild, sa banque historique, avocats et experts indépendants semblent avoir élu domicile dans le groupe et en avoir fait l’un de leurs lieux privilégiés d’expérimentation.
Aucune décision ne paraît être prise sans une étude ou un rapport de ces consultants au préalable. Lors du dernier comité économique et social, les représentants du personnel ont ainsi eu la surprise de voir la présentation qui leur était faite siglée McKinsey. Ils n’ont pu s’empêcher de demander qui leur parlait : la société de conseil ou la direction ?
« En un an, le groupe a dépensé plus d’un milliard et pourtant l’essentiel des restructurations et du repositionnement d’Atos reste à faire », constate un investisseur qui a analysé les derniers comptes. « Où est passé l’argent ? À quoi a-t-il servi ? On n’en sait rien. » Il soupçonne qu’une partie substantielle des fonds a servi à payer les commissions des conseils.
Avant la dernière assemblée générale fin juin, le fonds Sycomore – qui a depuis vendu tous ses titres Atos – avait interrogé par écrit la direction sur le montant des dépenses engagées par la direction en conseil et sur les bénéficiaires. Il n’a jamais obtenu de réponse.
Nous avons reposé la question. En réponse, Atos nous a affirmé que celles-ci étaient « dans les normes pratiquées » dans les grands groupes. Selon des indiscrétions, les différents conseils (banquiers, avocats, experts) devraient toucher plusieurs centaines de millions d’euros de commissions – certains évoquent la somme de 400 millions d’euros, l’équivalent des cessions supplémentaires annoncées par la direction – pour la seule cession de Tech Foundations à Daniel Kretinsky. Le développement des activités du groupe attendra.
C’est un usage bien établi dans le monde des affaires parisien. Dès que cela tourne mal, le grand jeu est de faire porter sur d’autres la responsabilité de la catastrophe. Le dossier Atos n’échappe pas à cette règle. Depuis plusieurs semaines, les commentaires vont bon train dans le cercle des affaires pour désigner le coupable. Car selon cette loi, il ne peut y en avoir qu’un : l’autre.
Être dans le CAC
En difficulté, le PDG d’Atos, Bertrand Meunier, a lancé une attaque qu’il avait toujours refusée jusqu’à présent. Dans son entretien à La Tribune le 11 septembre, il a publiquement désigné le coupable : son prédécesseur, Thierry Breton, aujourd’hui commissaire européen chargé du marché intérieur, de la politique industrielle et du numérique. « Le succès du cours de bourse d’Atos dans les années 2010 était en réalité le fruit d’une politique d’acquisitions et d’une forte croissance externe réalisée avec une sélectivité discutable ou insuffisante et de la signature de contrats dont la rémunération était trop faible au regard des coûts », explique-t-il.
Interrogé sur ces attaques, Thierry Breton nous a fait répondre qu’il était tenu au devoir de réserve en raison de ses fonctions européennes, qu’il avait quitté Atos depuis plus de quatre ans et qu’il n’était plus actionnaire du groupe, ayant vendu toutes ses actions à son départ. Les défenseurs, et parfois conseillers de Bertrand Meunier, sont sur la même ligne : eux aussi invoquent l’héritage de Thierry Breton et le chargent.
Mais des observateurs extérieurs proches du dossier sont tout aussi critiques sur la gestion passée. « Personne ne veut en parler, car Thierry Breton, notre commissaire européen, est intouchable. Mais tout est dans sa mauvaise gestion. Il n’a laissé que des casseroles », explique ce responsable de fonds, qui a regardé le dossier avant de le refermer très vite.
Celui-ci n’hésite pas à parler de « la malédiction du successeur de Breton ». L’allusion est féroce : avant Atos, Thierry Breton a été vice-président de Bull, puis président de Thomson et d’Orange. Ses passages à la tête de ces groupes ont été suivis de catastrophes.
Au sein du groupe Atos, certains ne manquent pas non plus d’être très critiques sur la gestion de Thierry Breton, parlant de « folie des grandeurs ». « Quand il est arrivé chez Atos, il était persuadé que ce n’était qu’un intermède, qu’il allait vite être rappelé au gouvernement [avant son arrivée dans le groupe, Thierry Breton avait été ministre de l’économie et des finances entre 2005 et 2007 – ndlr]. En attendant, il voulait exister, figurer parmi les patrons des grands groupes, qu’Atos intègre le CAC 40. Seule la course à la taille l’intéressait », raconte Paul*, un ancien salarié.
À son arrivée fin 2008, Atos réalise un chiffre d’affaires de 5,5 milliards d’euros et emploie 55 000 salarié·es dans le monde. À sa nomination comme PDG en février 2009, Thierry Breton présente un plan de transformation ambitieux. Atos doit, selon lui, changer son organisation, réaliser des performances financières beaucoup plus élevées et se hisser parmi les géants mondiaux du numérique. Le monde politique tout comme les financiers applaudissent. Le cours de Bourse commence son envolée : en quelques mois, il est multiplié par près de trois, atteignant les 25 euros.
Une erreur stratégique
C’est l’acquisition qui colle comme un sparadrap chez Atos. Plus de dix ans après, le rachat des activités informatiques de Siemens n’a toujours pas été digéré par le groupe. Il continue de peser sur ses comptes et joue un rôle non négligeable dans l’opération de vente à Daniel Kretinsky.
Pourtant, tout avait commencé sous les meilleurs auspices. En juillet 2011, Thierry Breton annonce sa première grande acquisition : Siemens IT Solutions. Ce rachat lui permet de changer de taille. D’un seul coup, Atos devient le deuxième groupe informatique européen derrière IBM, employant plus de 70 000 personnes dans 42 pays.
Au-delà de sa dimension économique et industrielle, il y a aussi la symbolique politique : la grande alliance franco-allemande se développe et entre dans de nouveaux secteurs d’avenir ! Le groupe évoque la création d’un « Airbus du numérique ». Pour bien affirmer cette ambition, Atos prend le statut d’entreprise européenne. Comme Airbus.
Le monde politique applaudit des deux mains. Et les actionnaires aussi. En interne, l’enthousiasme est plus mesuré. Alors qu’IBM est en train de se séparer de toutes ses activités industrielles en Europe, que les concurrents d’Atos, à l’instar de Capgemini, sont en train de délocaliser une grande partie de leurs services vers les pays – essentiellement en Inde – où les coûts des ingénieur·es sont moins chers, est-ce vraiment une bonne idée de se renforcer sur le continent européen ? Thierry Breton coupe court aux critiques : il ne croit pas à l’avenir de l’offshore – un terme plus policé que délocalisation – pour les services informatiques. « Pas plus qu’il ne croyait au cloud à l’époque », grince un ancien cadre.
Aujourd’hui, certains témoins de l’époque racontent ce qu’ils considèrent comme une erreur stratégique magistrale. « Siemens a essayé de vendre ses activités informatiques pendant des années. Tous les concurrents avaient regardé, personne n’avait voulu les racheter. Atos a repris des milliers d’ingénieurs surpayés, travaillant sur des technologies d’il y a trente ans et qui n’ont jamais évolué », explique Paul. Avant de poursuivre : « Siemens a accepté de payer Atos pendant trois, quatre ans, pour lisser le coût social et le poids des fonds de pension. Puis le robinet s’est tari et les problèmes ont commencé. »
Car l’intégration dans le groupe et les restructurations des activités n’ont jamais suivi. La direction actuelle a imité la précédente, préférant repousser les difficultés. Parmi les engagements chiffrés à 1,9 milliard d’euros par la direction d’Atos que devrait reprendre Daniel Kretinsky dans le cadre du rachat de Tech Foundations, figure la restructuration des activités héritées de Siemens. Quelque 1 000 emplois ont été supprimés mais il faudrait encore en supprimer près de 6 000, selon des connaisseurs du dossier. Les coûts de licenciement et de départ en retraite avoisineraient plusieurs centaines de millions d’euros, selon eux.
« Il y a quelque chose d’incompréhensible dans cette histoire. Car des provisions ont été passées pour financer ces coûts de restructuration. Elles avoisinaient le milliard d’euros. Où est passé l’argent ? », se demande Pierre. C’est une des questions lancinantes que se posent les salarié·es et les actionnaires. Interrogée sur la réalité de ces provisions et leur utilisation, la direction d’Atos n’avait pas répondu à ces questions au moment de la publication de cet article.
Réduction des coûts à tous les étages
Après Siemens, les acquisitions se sont poursuivies au rythme d’une tous les deux ans. D’abord, il y a eu Bull, considéré par tous comme une « excellente opération ». Cela a permis à Atos de se hisser dans la sphère politique, en prenant le contrôle de tous les actifs stratégiques numériques liés à la dissuasion nucléaire et les supercalculateurs. Ce rachat a conforté aussi son accès privilégié à tous les marchés publics informatiques. Atos réalise 22 % de son chiffre d’affaires en France avec l’État, les collectivités locales, organismes publics ou parapublics (carte Vitale, papiers d’identité, Urssaf, etc.).
Puis vient la reprise des activités informatiques externalisées de Xerox, qui s’accompagne d’un partenariat avec le groupe américain. Avec cette opération, Atos entre enfin dans la cour des grands : il a doublé son chiffre d’affaires en six ans et figure parmi les cinq premiers groupes numériques mondiaux. Récompense suprême : il intègre l’indice du CAC 40.
S’apercevant qu’Atos est en train de rater les nouvelles marches du numérique, le groupe décide finalement de lancer un grand programme pour rattraper son retard dans le cloud. De même, il finit par se rallier lui aussi à la délocalisation d’une partie de ses services numériques. Sans trop regarder, il rachète Syntel, une entreprise qui travaille majoritairement en Inde, pour 3,4 milliards d’euros. Un rachat surpayé, selon les connaisseurs du dossier.
Alors que les acquisitions se succèdent, le groupe ne repense pas son organisation et la façon d’intégrer ces nouvelles activités, afin d’en tirer le maximum de possibilités. En interne, la politique est surtout celle de la réduction des coûts. La chasse aux dépenses devient une obsession. Tout est réduit au minimum, y compris les efforts de formation, au risque d’aggraver les retards de compétences par rapport à ses concurrents. Pour diminuer son endettement, il se sépare de Worldline, spécialisé dans le traitement des transactions financières et bancaires. Devenue autonome, la société figure aujourd’hui au CAC 40.
Nommé commissaire européen par Emmanuel Macron en octobre 2019, Thierry Breton part avec les honneurs, en affichant un bilan impeccable : le groupe réalise près de 13 milliards d’euros de chiffre d’affaires, emploie plus de 112 000 personnes dans le monde et son endettement est des plus réduit (1 milliard d’euros). Avec un cours au plus haut, à près de 100 euros le titre, sa capitalisation boursière est de plus de 8,3 milliards. Thierry breton a été classé parmi les patrons les plus performants pour sa gestion par la Harvard Business Review et figure parmi les 100 dirigeants les plus influents dans le monde.
Afin d’éviter tout risque de conflit d’intérêts, Thierry Breton annonce qu’il vend toutes les actions d’Atos qu’il possédait, ce qui lui permet d’empocher la coquette somme d’une trentaine de millions d’euros. Quatre ans après, ses détracteurs n’ont toujours pas digéré cette opération, l’accusant d’avoir vendu au mieux, juste avant que la bulle Atos éclate, alors qu’il savait que des difficultés allaient advenir.
Fuite en avant
« C’est trop facile de s’en prendre à Thierry Breton. Il est parti depuis quatre ans et il ne peut pas répondre, compte tenu de ses fonctions, s’énerve un des défenseurs de l’ancien président du groupe. Bertrand Meunier ne peut pas dire qu’il vient de tout découvrir. Il est chez Atos depuis 2008, avant Thierry Breton. C’est même lui qui l’avait fait venir. Il était au conseil d’administration, président du comité d’audit. Il connaissait tout, avait accès à tous les comptes. Il a tout voté. Maintenant, il est président depuis quatre ans. Qu’a-t-il fait depuis ? »
La CGT du groupe partage l’analyse. « Si nous avions des éléments pour mettre en cause la responsabilité de Thierry Breton, nous ne nous en priverions pas. Mais nous ne les avons pas. Par contre, on peut vous parler de la gestion de Bertrand Meunier. Il peut dénoncer la croissance externe de son prédécesseur, il a fait pareil », explique Didier Moulin.
La CGT parle d’une vraie « fièvre acheteuse ». Le syndicat a établi une recension complète des acquisitions menées sous la présidence Meunier, et en a dénombré 22 entre 2020 et 2022. Le groupe a acheté de tout, des sociétés spécialisées dans la cybersécurité ou l’intégration du cloud, des services de conseil ou du big data. La société EcoAct, vendue dans la précipitation à Schneider Electric, faisait partie de cette liste.
Combien d’argent a dépensé le groupe dans ces opérations ? Mystère. Trop petites pour attirer l’attention du marché – elles emploient entre 30 et 600 salarié·es –, elles semblent aussi être passées sous le radar du conseil d’administration.
Ce n’est qu’avec le projet d’acquisition de DXC Technology en janvier 2022 que cette frénésie acheteuse s’arrête. L’annonce de ce rachat est catastrophique : le cours dévisse en quelques séances. « C’était une opération incompréhensible. La direction n’arrêtait pas de nous expliquer qu’elle voulait se recentrer, que les activités dans les infrastructures n’avaient pas d’avenir. Et elle nous annonce un rachat de plusieurs milliards justement dans ce domaine », raconte Jacques*, ancien ingénieur.
Le doute commence à s’installer. Il avait déjà commencé à poindre en juillet 2021, lorsque le groupe lance un avertissement sur ses résultats et annonce quelque 2 milliards d’euros de dépréciation d’actifs. Une révision des chiffres que les investisseurs attribuent d’abord aux conséquences du Covid, au début de l’éclatement de la bulle numérique et à l’héritage Breton : nombre de contrats auraient été passés dans des conditions non profitables pour faire du chiffre.
Mais six mois plus tard, en janvier 2022, le groupe lance un autre avertissement sur ses résultats. Les doutes se transforment alors en défiance. Et cette dernière s’accentue quand les commissaires aux comptes émettent « des réserves » sur les comptes de deux entités américaines dans le rapport annuel de 2020. L’année d’après, ils refusent tout simplement de les certifier. Des enquêtes internes sont diligentées mais rien ne filtre. « On n’a jamais su ce qui s’était réellement passé », dit un proche du dossier.
« Arrangements » avec la réalité
Pour beaucoup de connaisseurs, les pratiques d’Atos dépassent largement ce qu’il est convenu d’appeler en langage policé la créativité comptable. « Le niveau d’information sur la société est terriblement contestable. Beaucoup d’investisseurs sont sortis, faute de compréhension. Le groupe a des pratiques comptables dont on ne connaît pas les tenants et les aboutissants. Mais cela ne date pas d’aujourd’hui. Dès 2017, une étude de Crédit Suisse mettait en garde sur la fiabilité des chiffres, notamment sur la réalité des chiffres d’affaires », rappelle l’analyste Frédéric Genevrier, fondateur de OFG Recherche.
« Nous n’avons pas les informations nécessaires pour expliquer les comptes du groupe. Mais nous pouvons raconter les conséquences au quotidien : les coupes budgétaires pour remonter le plus d’argent possible et dont on ne sait pas à quoi il sert ; les consignes toujours données oralement pour enregistrer plus vite des chiffres d’affaires prévus mais pas encore réalisés ; les provisions pour risque qu’il faut diminuer. Ce sont des témoignages qui nous remontent régulièrement », rapporte Didier Moulin, de la CGT.
Ces « arrangements » avec la réalité ne suffisent pas à masquer la dégradation financière continue du groupe. Alors qu’Atos avait jusque-là toujours été bénéficiaire, il affiche une perte de 2,9 milliards en 2021, de 1 milliard en 2022, et de plus de 600 millions au premier semestre 2023. Sa dette dépasse les 2,4 milliards d’euros. Sa capitalisation boursière a fondu comme neige au soleil – à peine 800 millions d’euros, dix fois moins qu’il y a cinq ans. Atos a été radié du CAC 40 en septembre 2021.
Depuis 2021, les directeurs généraux se succèdent. Il y en a eu pas moins de quatre depuis 2019. Les directeurs financiers ne tiennent pas plus d’un an, eux non plus. Le dernier en date, l’Américain Paul Saleh, a été nommé le 1er août dernier. Une nomination qui a provoqué un étonnement général. « Alors que le gouvernement a fait campagne pour bloquer la nomination d’une Américaine à la direction européenne de la concurrence, c’est tout de même curieux qu’il ne dise rien sur cette nomination d’un Américain qui, compte tenu de sa position, peut avoir accès aux données les plus sensibles de la Défense », relève un observateur.
Ces changements incessants se doublent d’une instabilité managériale et stratégique. Les plans – Sprint, Boost et autres – définis comme prioritaires à un moment sont abandonnés du jour au lendemain, d’une direction à l’autre, même si d’importants moyens financiers y ont été engagés. Les réorganisations s’enchaînent, remettant en cause ce qui a été arrêté précédemment. Lassés, dégoûtés, les cadres supérieurs commencent à partir sur la pointe des pieds, emmenant avec eux parfois une partie de leurs équipes. La descente aux enfers se poursuit, inexorablement. Et Atos se vide de ses compétences.
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RÉUNION “ZOOM” UDAAC OUVERTE À TOUS CE JEUDI SOIR A 21H.
À la demande de plusieurs adhérents, nous allons venir à votre rencontre en organisant une nouvelle réunion ZOOM ce jeudi 21/09/2023 à 21:00 où les membres du Bureau répondront à vos questions.
Si vous n’avez jamais utilisé Zoom, vous pouvez poser la question aux membres du forum, ou écrire à l’administration du blog admin@bourse.blog.
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SI VOUS ESTIMEZ L’ATTITUDE DE LA GOUVERNANCE D’ATOS N’EST PLUS TOLÉRABLE, À SAVOIR UNE DESTRUCTION À PETIT FEU DES CAPITAUX PROPRES D’ATOS, ET LA POSSIBLE FAILLITE DU GROUPE,
alors ADHÉREZ à l’association UDAAC, [l’union des actionnaires d’Atos constructifs] et inscrivez-vous sur l’agrégateur d’actions Udaac pour comptabiliser le % du capital « de concert » détenu par l’association (cliquez ci-dessous).
L’UDAAC est une association « loi 1901 » immatriculée en préfecture, à vocation unique de défendre les actionnaires d’Atos contre la gouvernance qui détruit à petit feu l’entreprise, et qui a mandaté une des meilleures avocates en France, Me Sophie Vermeille qui a mis KO Jean-Charles Naouri l’ex-président de Casino, dans un combat épique en 2018 et 2019, pour réaliser des actions auprès de l’AMF si besoin, et surtout pour inscrire de nombreuses résolutions à l’AGE de novembre dans le but de révoquer Bertrand Meunier et la moitié du board inféodé, bien-entendu, annuler l’augmentation de capital, et surtout d’annuler le chèque de 1 Md€ versé par Atos à Kretinsky pour garder TFCo dans le giron d’Atos.
Ainsi qu’une résolution symbolique, mais oh combien essentielle, diminuer de 50% les jetons de présences des administrateurs afin de ne garder que ceux motivés par le challenge de redresser Atos et de faire partir les mercenaires.
Si vous êtes suffisamment nombreux à rejoindre l’UDAAC, et dès lors que le budget de l’association sera suffisant, l’Udaac devrait, sous réserve de décision collégiale du bureau, assigner devant les tribunaux Bertrand Meunier et tous les administrateurs individuellement.
Pour cela, il faut réunir des fonds pour financer ce combat, car l’argent est le nerf de la guerre. Il y aura des frais d’avocats très importants ! Mais également des frais d’agence de communication pour faire entendre la voix de l’association. L’UDAAC a un besoin en fonds énorme pour assurer la victoire face aux avocats de Meunier qui va choisir les plus chers vu qu’il paie avec votre argent !
L’UDAAC demande une participation de seulement 6 cts par actions détenues jusqu’à 10 000 actions, et au-delà les contacter, montants qui seront gérés méticuleusement par le bureau de L’UDAAC et dont le président et le trésorier sont experts-comptables et dont tout solde excédentaire non utilisé serait remboursé aux adhérents.
Union Des Actionnaires d’Atos Constructifs
Association 1901 immatriculée en préfecture
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