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Le partenaire technologique mondial du CIO, architecte des systèmes d’informations sécurisés de Paris 2024, est en pleine crise financière et politique. Malgré un avenir trouble, le groupe assure qu’il tiendra ses engagements.
Alban Traquet, avec Rachel Prettimis à jour le 30 janvier 2024 à 17h40
La mission d’information sénatoriale devrait débuter ses travaux et ses auditions dans quelques jours. Quatre rapporteurs ont été nommés – deux issus de la commission des affaires économiques et deux de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées – pour « essayer de comprendre ce qui s’est passé et ce qui se passe » chez Atos, explique Cédric Perrin, sénateur (LR) du Territoire de Belfort, président de ladite commission de la défense.
Au coeur des inquiétudes : l’avenir du groupe informatique, endetté à hauteur de 5 milliards d’euros, qui traverse une tempête multifactorielle depuis de longs mois, marquée par une chute de sa valeur en Bourse et plusieurs remaniements dans son top management. « L’entreprise est en difficulté mais elle a des compétences énormes, reprend Cédric Perrin. L’objectif, c’est de voir tous les acteurs de cette affaire. » Le cas échéant, cette mission d’information (dont il ne fait pas partie) « pourrait éventuellement se transformer en commission d’enquête », ajoute-t-il.
Un groupe au coeur d’activités très sensibles
Il faut dire qu’Atos, qui compte 10 000 salariés en France, est au croisement d’une myriade d’activités sensibles, liées aux transactions bancaires, au secteur public (santé), aux institutions, à la cybersécurité ou à la souveraineté nationale, à l’image de l’industrie nucléaire et des supercalculateurs. Mais Atos, c’est aussi l’un des quatorze partenaires mondiaux du CIO et le grand intégrateur technologique de Paris 2024. « Cette mission d’information a vocation à s’occuper de tout le dossier Atos, dont celui des JO », appuie le sénateur communiste de Seine-Saint-Denis Fabien Gay, l’un de ses quatre rapporteurs.
De nombreuses auditions sont donc prévues durant les prochaines semaines, à l’issue desquelles un rapport sera rédigé, alors que l’échéance se rapproche pour ce prestataire majeur des Jeux. Sa plateforme gère toutes les données sensibles de l’événement, dont celles des accrédités. « Notre client, c’est le CIO et on s’adapte au contexte local à chaque édition, nous réplique-t-on chez Atos, associé aux JO depuis plus de trente ans. Une mission d’information sénatoriale en France, qui concerne la gouvernance du groupe, n’a rien à voir avec un contrat pour un client international. On dispose des liquidités nécessaires pour honorer nos engagements d’ici à 2025. »
Sur ce plan à court terme, le message se veut également rassurant du côté syndical : « Pour nous, il n’y a aucun risque que les équipes s’arrêtent de délivrer, nous explique Alia Iassamen, la coordinatrice CFDT du groupe. L’année est couverte et on nous dit tous les jours qu’il n’y aura pas de plan social. »
Plainte et « risque de manipulation de l’action judiciaire »
Mais face à son mur de dettes, le groupe doit céder certains actifs. Des négociations hachées se déroulent, depuis août dernier, avec l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinski pour le rachat de la branche historique d’infogérance (gestion et sécurisation informatique) d’Atos, Tech Foundations. D’autres tractations ont lieu depuis quelques semaines avec le géant Airbus pour la vente de la division Big Data & Security (BDS), qui dépend de l’autre branche d’Atos, Eviden, « supporteur officiel » de Paris 2024 en matière de cybersécurité. Sollicité, le comité d’organisation français répond avoir « toute confiance dans les équipes d’Atos (…), qui bénéficie d’une expertise unique, à honorer le contrat qui le lie au CIO et donc à Paris 2024 ».
En parallèle, une autre partie se joue sur le plan judiciaire : fin septembre, un actionnaire minoritaire du groupe, Alix AM, a déposé une plainte contre X auprès du parquet national financier (PNF) pour « corruption active et passive » autour de la possible vente des activités d’infogérance à Daniel Kretinski. Interrogé sur cette procédure et l’ouverture éventuelle d’une enquête préliminaire consécutive, le PNF nous fait savoir qu’« au vu de l’enjeu autour du groupe Atos et du risque de manipulation de l’action judiciaire », il a « fait le choix de ne pas communiquer au sujet des suites données à cette plainte ».
« Nos équipes sont en ligne sur le plan de marche »
« J’essaie d’être déconnecté au maximum des choses sur lesquelles je n’ai pas de prise, poursuit-il. Après, c’est notre rôle, en tant que managers, de gérer la motivation et de préserver les équipes et les ressources de ce qui peut se passer autour d’elles. » « Plus on approche des Jeux, moins on a le temps de penser à tout ça, ajoute un observateur avisé. Il y a des échéances à respecter et ça laisse peu de place aux états d’âme ». La mission d’Atos ne s’arrêtera pas immédiatement à la fin des Jeux paralympiques, début septembre. Après le pic d’activité viendra le « decommissioning », la phase de démantèlement et de dissolution, qui durera jusqu’à la fin de l’année. Une autre – et longue – cérémonie de clôture.
Dossier chaud à l’UEFA
Une option qui serait notamment consécutive à la récente baisse de la note de crédit d’Atos par l’agence américaine S & P, qui considère sa dette (5 milliards d’euros) comme « hautement spéculative », une catégorie alarmante. Cette nouvelle dégradation de la note, annoncée le 19 janvier, avait fait chuter de près 8 % le cours du groupe informatique – déjà très mal en point – à la clôture des marchés. Interrogé sur l’hypothèse d’un désengagement de l’UEFA, Atos répond qu’il « ne peut pas commenter les contrats en raison de la confidentialité des échanges commerciaux ». « Il n’y a pas de clause de sortie liée à la situation financière d’Atos », affirme même une source proche du dossier. Également sollicitée, l’UEFA indique qu’elle n’a « pas d’informations à communiquer sur le sujet ». A.Tr.
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