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Attaqué par les courriers de plusieurs actionnaires critiquant le plan de cession à Daniel Kretinsky, le conseil d’administration s’est fendu d’un communiqué répondant aux critiques. Mais pas à toutes. Un autre fonds a lui déposé plainte pour corruption.
Par Leïla Marchand, Laurence Boisseau
Les courriers arrivés la semaine dernière sur le bureau de Bertrand Meunier ne seront pas restés sans réponse. Attaqué coup sur coup par le fonds activiste CIAM et par l’UDAAC (Union des Actionnaires d’Atos Constructifs), une association d’actionnaires minoritaires, le conseil d’administration s’est fendu vendredi d’un communiqué pour répondre aux critiques soulevées. Ce même jour, un autre fonds a, lui, dépose plainte pour corruption (cf encadré ci-dessous).
Sur la forme, en premier lieu, le groupe informatique déplore dans sa réponse que les actionnaires aient choisi « plutôt que de rencontrer la société pour exprimer leurs points de vue et obtenir des réponses, de les médiatiser ». Le contenu des lettres a notamment été relayé dans « Les Echos ».
Une critique « systématique » et « injustifiée »
« La critique systématique, injustifiée de la société et sa médiatisation orchestrée lui portent préjudice » et « fait le jeu des vendeurs à découvert », dénonce le conseil d’administration, alors que le groupe de 110.000 salariés est confronté depuis 2020 à une chute marquée de sa valorisation et à de mauvais résultats commerciaux et financiers. «La société n’hésitera pas, si elle le considère opportun, à saisir les juridictions compétentes pour faire sanctionner toutes les manoeuvres visant à la déstabiliser», menace Atos.
Sur le fond, ensuite, l’ex-fleuron de l’informatique continue de défendre le projet de cession de Tech Foundations, annoncé le 1er août, au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. Il s’agit de la meilleure option – selon la société – pour concrétiser son projet de scission, annoncé l’an dernier.
Une plainte pour corruption du fonds Alix AM
Le fonds Alix AM, actionnaire minoritaire du groupe Atos, a déposé plainte vendredi à Paris auprès du Parquet national financier (PNF) pour corruption active et passive autour de la vente des activités d’infogérance du groupe à l’homme d’affaires Daniel Kretinsky, a appris l’AFP de source proche du dossier.
Sollicité, le PNF a confirmé avoir reçu cette plainte, en cours d’analyse. L’avocat d’Alix AM n’était pas joignable dans l’immédiat.
Pour rappel, ce projet prévoit la séparation d’Atos en deux sociétés distinctes : Tech Foundations (comprenant sa branche historique d’infogérance, en décroissance structurelle) et Eviden (centrée sur l’intelligence artificielle, les supercalculateurs et la cybersécurité).
« Il n’était pas possible d’annoncer plus tôt » ces négociations avec le fonds de Daniel Kretinsky, soutient le conseil d’administration, alors que les actionnaires s’étaient étonnés d’apprendre ce projet au coeur de l’été, seulement quelques jours après la publication des résultats du premier semestre.
Un projet soumis à l’approbation des actionnaires
Par ailleurs, l’entreprise rappelle que ce projet sera soumis à l’approbation des actionnaires lors d’un vote prévu avant la fin de l’année, allant ainsi « plus loin que la recommandation de l’Autorité des marchés financiers qui ne prévoit qu’un vote non-contraignant en la matière », souligne-t-elle, répondant ainsi à une réclamation de l’UDAAC.
Enfin, alors que certains actionnaires s’étaient émus qu’Atos annonce, associé à ce plan de cession, une augmentation de capital, après avoir assuré lors de l’assemblée générale tenue fin juin que cette option n’était pas à l’ordre du jour, le conseil d’administration leur répond que cette option n’était effectivement pas envisagée dans le cadre du plan initial, avant l’arrivée de l’offre de Daniel Kretinsky.
Quels sont les détails de l’opération ? Fait-elle, au final, ressortir un prix négatif pour la cession de Tech Foundations ? A quoi servira exactement l’augmentation de capital ? In fine, l’entité Eviden financera-t-elle la restructuration de Tech Foundations et finira-t-elle lestée de dettes, comme le craignent certains actionnaires ? Sur ces points soulevés par les courriers des actionnaires, le communiqué reste évasif, se bornant à souligner que « le projet de management package [rémunération des dirigeants, NDLR] est habituel dans ce type d’opérations » et qu’il serait « supporté exclusivement » par le fonds de Daniel Kretinsky.
Ciam qui a déjà répondu au courrier d’Atos reste sur ses positions. Il y a bien eu un changement de plan entre le 14 juin et le premier août. Dans une lettre que «les Echos» se sont procuré, le hedge fund s’emporte sur les accusations formulées à son égard de «jouer le jeu des vendeurs à découvert et des autres personnes dont l’intérêt est de déstabiliser Atos». «Il est en effet incontestable que c’est votre communication financière et la gestion de la société depuis plusieurs années qui provoquent une baisse de cours chronique et continue du titre Atos. Evoquer un « soutien massif des actionnaires et de la communauté financière » relève d’une myopie caractérisée ou d’un dangereux déni» peut-on lire dans le courrier de Ciam.
Quant à l’UDAAC, ses représentants sont perplexes. L’association s’apprête à répondre, mais déjà, elle fait remarquer que dans la lettre qui leur a été adressée, Atos leur reproche d’avoir critiqué le management package. Or, l’association n’en a jamais parlé.
Leïla Marchand avec Laurence Boisseau
https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/atos-le-conseil-dadministration-repond-aux-critiques-de-certains-actionnaires-1980819
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