Le chef de file des députés Les Républicains voit d’un mauvais œil la vente des activités d’infogérance du groupe Atos au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky et son entrée au capital de la division cybersécurité et supercalculateurs. Il s’en explique à « l’Obs ».
De quoi susciter des craintes, chez les militaires, clients d’Atos, mais aussi chez les politiques, en particulier Les Républicains (LR). L’occasion d’une mise au point avec le président du groupe LR à l’Assemblée nationale, le député Olivier Marleix.
Comment accueillez-vous cette vente partielle d’Atos ?
Olivier Marleix Ce n’est pas une bonne nouvelle. Le démantèlement d’Atos sera un naufrage de plus pour l’industrie française. Surtout qu’Atos est le seul fabricant français de supercalculateurs. C’est un savoir-faire français important parce qu’il permet d’imaginer demain le développement d’un champion français de l’ordinateur quantique.
Atos intègre tout un tas d’activité, mais les supercalculateurs sont le cœur du sujet. Le dernier qui a été livré au CEA [Commissariat à l’Energie atomique, NDLR] n’est autre que le plus grand système de calcul haute performance au monde, doté d’une puissance de calcul de 23 millions de milliards d’opérations par seconde, utilisé notamment pour la simulation des programmes nucléaires de défense. Comprenez que tout ceci n’est pas le fruit du hasard ou d’une création du marché. Ces supercalculateurs sont l’héritage de l’entreprise Bull [rachetée en 2014 par Atos], elle-même héritière du grand Plan Calcul [stratégie d’Etat lancée en 1966 pour développer une informatique européenne], c’est-à-dire de la volonté politique du général de Gaulle de doter la France d’une indépendance stratégique, en particulier dans ses simulations nucléaires.
Au-delà de l’arme nucléaire, Atos est encore aujourd’hui au cœur de nombreux partenariats public-privé. C’est une entreprise stratégique pour l’Etat. Et pour l’Etat de demain : sa stratégie sur le développement de l’informatique quantique est au cœur des enjeux de demain – pour lesquels, le plan France 2030 consacre 1 milliard d’euros.
Derrière Atos, il y a donc une question de souveraineté. Et, comme l’ont formulé 82 députés et sénateurs LR dans une tribune au « Figaro » début août, la prise de participation de Daniel Kretinsky à hauteur de 7,5 % dans l’entité qui s’occupera des supercalculateurs fait grincer des dents.
Toute cette stratégie de partition est à la fois artificielle et douteuse. Artificielle parce qu’elle est l’occasion de nous voir resservir toujours le même baratin des banques d’affaires sur la logique qu’une entreprise aurait d’un côté une activité en déclin dont il faut se séparer et de l’autre une activité à forte valeur ajoutée à conserver. Mais c’est une blague. Le groupe Atos a, à la fois, une activité régulière qu’est l’infogérance [l’informatique vendue aux entreprises] et une activité pointue dans les supercalculateurs et la recherche quantique. Mais les deux ont besoin l’une de l’autre. Parce qu’il ne s’agit pas des mêmes modèles d’affaires et parce que dans un monde transformé par l’intelligence artificielle il est essentiel de pouvoir s’appuyer sur les deux volets.
Nous raconter qu’on pourrait scinder les deux, c’est du baratin des banques d’affaires sur une stratégie qui masque une opération douteuse pour notre souveraineté. En effet, on ne sait rien des accords qu’il y aura entre les deux groupes au terme de la scission. Nombre de contrats d’Atos mêlent les deux côtés… Et on nous fait croire que parce qu’il n’y a qu’une prise de participation de 7,5 %, c’est-à-dire en dessous du seuil de 10 %, il n’y aurait pas de problème. Sauf qu’on oublie de nous dire que l’investisseur suivant doit être à 2 %. Daniel Kretinsky deviendra donc l’actionnaire de référence au conseil d’administration, qui décide des choix stratégiques de l’entreprise !
Est-ce à comprendre que vous remettez en cause le choix de Daniel Kretinsky parce qu’il est Tchèque ?
Je ne lui fais aucun procès. Je n’ai pas le moindre reproche à l’égard de M. Kretinsky. Mon reproche est plutôt adressé à ceux censés défendre notre souveraineté. La solution avancée n’est pas la bonne, et elle devrait susciter des réactions au sein du gouvernement ! La question d’ouvrir une commission d’enquête sur cette vente va évidemment se poser…
Il y a un autre point à souligner. La déconfiture d’Atos en Bourse [son action est passée de 75,33 euros à 7,79 euros en cinq ans] se traduit par une valorisation tombée autour de 800 millions d’euros. En façade, le groupe ne vaut plus grand-chose. Sauf qu’il s’agit d’un savoir-faire unique et stratégique, dont la valeur n’est pas mesurable à travers un cours de Bourse ou des bilans. Aussi, à un moment, la question d’une nationalisation temporaire se pose pour le préserver. Mais ça demande un vrai courage politique.
Propos recueillis par Boris Manenti
https://www.nouvelobs.com/economie/20230905.OBS77733/olivier-marleix-la-question-d-une-nationalisation-temporaire-d-atos-se-pose.html
POSTFACE
J’ai répondu à Olivier Marleix sur Twitter suite à un tweet ou à un X (je ne sais pas comment on dit du coup) à propos d’Atos, où il disait peu ou prou les mêmes choses que dans cet article. Je ne savais pas qui était Olivier Marleix, et comme vous savez que je n’ai pas toujours ma langue dans ma poche, j’ai été un peu discourtois et j’ai dit : “on voit que vous ne connaissez rien au dossier Atos” et j’ai ajouté “je pensais que le niveau était plus haut à l’ENA”.
Quand je lis cet article, même si j’ai un minimum de respect pour les fonctions régaliennes, je ne sais plus si j’ai eu raison ou tord tellement il dit de conneries en si peut de phrases.
Il dit que dans un actionnariat où le plus gros actionnaire à 2% [faux, il n’y a pas d’actionnaires à 2%] Monsieur Kretinsky aura le contrôle avec 7.5% et il veut nationaliser Atos. Or si on suit son raisonnement, on peut imaginer que si la BPI prenait 15% de Atos, elle en aurait le contrôle et qu’il n’y a pas besoin d’utiliser l’argent des contribuables, surtout si c’est un fonctionnaire comme lui au courant de rien sur Atos qui gère le dossier.
Cette histoire des supercalculateurs, c’est un mythe. Que les essais nucléaires soient simulés sur un calculateur Bull, ou HP Frontiers ou Fujitsu, je pense que le pélo français de base s’en fout éperdument.
La bombe française a été testée 50 fois à Mururoha, il y a eu des milliers de cancers à cause de ça, on sait qu’elle est 1000 fois plus puissante que Hiroshima et pourrait raser Tokyo et ses 25 millions d’habitants. Alors vous voulez quoi Monsieur de député. C’est quoi votre but?? que notre bombe elle puisse raser en une frappe la totalité du Japon. Monsieur le député, vous êtes un êtes à côté de la plaque et si vous êtes le n° des députés LR, j’ose pas imaginer le niveau du député Lambda. Notre bombe marche, elle a le pouvoir anéantir 100 millions de vies en une frappe et il vous en faudrait plus encore anéantir 1 milliard de vies ?? Donc sujet clos, vous êtes totalement hors sujet sur Atos.
Enfin, Atos n’est pas une société militaire et ces activités n’ont rien à faire dans Atos, mais devrait se trouver chez Thalès ou Airbus. Ces activités sont un puits sans fond pour Atos, donc pour améliorer une bombe qui peut raser l’Île-de-France de la carte, vous voulez mettre Atos en dépôt de bilan et/où la nationaliser. Si vous vous bougiez plutôt le cul pour que ça soit vendu à Thalès, là, vous serviriez à quelque chose. Parce qu’avec vos 5% à la présidentielle pour l’instant, vous ne servez pas à grand-chose.
Monsieur le député, si vous appréciez vraiment Atos, il n’y a qu’un moyen de résoudre les problèmes que vous avez identifiés. Téléphonez un part un aux 13 administrateurs au lieu de faire des tribunes inutiles et dites-leur de révoquer Meunier et de démissionner pour la moitié d’entre eux.
Là, vous serez utile. Mais, arrêtez le blabla SVP. Si vous avez 2h devant vous, appelez-moi et je vous expliquerai le dossier Atos.
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SI VOUS ESTIMEZ L’ATTITUDE DE LA GOUVERNANCE D’ATOS N’EST PLUS TOLÉRABLE, À SAVOIR UNE DESTRUCTION À PETIT FEU DES CAPITAUX PROPRES D’ATOS, ET LA POSSIBLE FAILLITE DU GROUPE,
alors ADHÉREZ à l’association UDAAC, [l’union des actionnaires d’Atos en colère] et inscrivez-vous sur l’agrégateur d’actions pour comptabiliser notre % du capital “de concert” (cliquez ci-dessous).
L’UDAAC est une association “loi 1901” immatriculée en préfecture, à vocation unique de défendre les actionnaires d’Atos contre la gouvernance qui détruit à petit feu l’entreprise, afin de mandater un cabinet d’avocat spécialisé en défense d’actionnaires pour réaliser des actions auprès de l’AMF, pour inscrire des résolutions à l’AGE de novembre dans le but de destituer Bertrand Meunier et la moitié du board inféodé, bien-entendu, annuler l’augmentation de capital, et surtout d’annuler le chèque de 1 Md€ versé par Atos à Kretinsky pour garder TFCo dans le giron d’Atos.
Si vous êtes suffisamment nombreux à nous rejoindre, et alors que le budget de l’association soit suffisant, nous assignerons individuellement devant les tribunaux Bertrand Meunier et tous les administrateurs individuellement.
Pour cela, il nous faut réunir des fonds pour financer ce combat, car l’argent est le nerf de la guerre. Il y aura des frais d’avocats très importants ! Mais également des frais d’agence de communication pour nous faire entendre. L’UDAAC a un besoin en fonds énorme pour nous assurer la victoire face aux avocats de Meunier qui bien sûr va choisir les plus chers vu qu’il paie avec votre argent !
L’UDAAC propose une participation de 6 cts par actions détenues, montants qui seront gérés méticuleusement par le bureau de L’UDAAC dont le président et le trésorier sont experts-comptables et inscrit au conseil de l’ordre des experts-comptables et travaillent bénévolement pour l’association.
Union Des Actionnaires d’Atos en Colère
Association 1901 immatriculée en préfecture
Je rappelle que pour tout échange d’idées, suggestions, un forum spécifique a été créé : forum.bourse.blog/udaac/
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