Amphitéatre de Bezons – Atos (capture d’écran de l’AG).
Plusieurs actionnaires demandaient le départ de Bertrand Meunier, président du conseil d’administration, en raison des difficultés du groupe informatique qui, en deux ans, a perdu 4 milliards d’euros et a dû se résoudre à préparer une scission de ses activités.
Par Leïla Marchand
A sa place, le fonds proposait de nommer Léo Apotheker, ancien patron d’HP et de SAP. La résolution, inscrite à l’ordre du jour de l’assemblée générale (AG), n’a finalement pas été adoptée (seulement 32 % de votes favorables des actionnaires). Ce rejet était attendu, l’actuelle direction ayant remporté l’adhésion des « proxy », les sociétés de conseil en vote particulièrement influentes compte tenu du capital très éclaté d’Atos.
Néanmoins, la croisade de Sycomore, soutenue par au moins deux autres actionnaires minoritaires, a donné lieu à des échanges mouvementés lors de l’AG, qui se tenait au siège de Bezons. Tandis que le board a rappelé qu’il s’élevait contre ces « tentatives de déstabilisation », un porte-parole du fonds a assuré que leur « objectif n’était pas de dénigrer Atos ou le président, qui a fait ce qu’il a pu dans une situation difficile ». Mais, a-t-il poursuivi, « il faut avoir l’élégance de céder sa place pour incarner une nouvelle étape et regagner la confiance des investisseurs, des salariés et des clients ».
« Le cours de Bourse est en dessous de tout »
Le groupe de services informatiques, qui emploie environ 110.000 personnes pour un chiffre d’affaires de 11 milliards d’euros, a cumulé les déconvenues au cours des dernières années.
« Le cours de Bourse d’Atos est en dessous de tout, je suis d’accord avec vous », a lancé Bertrand Meunier, alors que les lourdes pertes annoncées par le groupe – 4 milliards en deux ans – ont provoqué l’effondrement de plus de 80 % de la valeur du titre Atos qui s’échangeait lundi autour de 12,6 euros. Malgré tout, le président a soutenu la valeur de son « expertise » à la tête du conseil d’administration.
Les difficultés d’Atos ont commencé en 2021, lorsqu’un coûteux projet d’acquisition de l’américain DXC (émanation d’Hewlett-Packard) a jeté le trouble chez les investisseurs avant d’être abandonné. La spirale infernale est enclenchée : réserves sur les comptes aux Etats-Unis (qui seront finalement levées), avertissements en série sur les résultats, sortie du CAC 40…
Le traitement de choc, présenté en juin 2022, est celui d’une scission des activités : d’un côté la partie infogérance (Tech Foundations), en déclin, appelée à une lourde restructuration, et de l’autre les activités en croissance de cybersécurité et de transformation numérique destinées à une introduction en Bourse sous le nom d’Eviden.
« Atos est engagé sur la voie du redressement »
Lors de l’AG, d’autres actionnaires individuels ont fait part de leurs inquiétudes concernant ce projet de scission, qui doit être acté d’ici la fin de l’année. « Atos est engagé sur la voie du redressement, le groupe a renoué avec la croissance, avec une amélioration continue des performances financières depuis fin 2022 », s’est attaché à défendre la gouvernance.
Tech Foundations a « déjà obtenu des résultats concrets et plus rapidement que prévu », a défendu Nourdine Bihmane, directeur général d’Atos et codirigeant de cette branche regroupant les activités historiques de services d’infogérance – et pour laquelle le groupe vise un point bas à environ 4,1 milliards d’euros de chiffres d’affaires en 2024 et un retour à la croissance en 2026.
Quelle sera la gouvernance des deux futures entités ? « Un vivier de candidats est à l’étude », a répondu le board. Le plan de scission se déroule comme prévu, a affirmé la direction, malgré le coup de massue, en mars dernier, de la renonciation d’Airbus à prendre une participation de près de 30 % d’Eviden. « Cette cession de 29,9 % aurait été un accélérateur dans l’exécution de notre plan stratégique », a déclaré Philippe Oliva, aux manettes de cette branche cybersécurité et Big Data. Mais son abandon « ne remet pas en question le plan », « le groupe étudie différentes options pour atteindre ses objectifs » et « les discussions continuent avec Airbus sur un partenariat à long terme », a-t-il ajouté.
Les rumeurs de rachat de la branche Tech Foundations par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky ont également été l’objet de questions des actionnaires. Sur ce point, Bertrand Meunier a répondu que le conseil d’administration du groupe avait rejeté plusieurs offres indicatives pour Tech Foundations – sans indiquer lesquelles. Il a également ajouté que le conseil ne prendrait « une décision positive » que si elle était « créatrice de valeur » pour les actionnaires.
Leïla Marchand
https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/crise-chez-atos-le-president-conteste-sauve-son-siege-lors-dune-ag-tendue-1957039
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