Atos : fin des discussions avec Daniel Kretinsky [LE MONDE]

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Le groupe d’informatique, dont la situation financière est toujours aussi tendue, n’a pas réussi à s’entendre avec l’homme d’affaires pour lui vendre sa division Tech Foundations. La publication des résultats annuels, prévue le 29 février, a été reportée.

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Publié le 28 février 2024 à 11h03, modifié le 28 février 2024 à 11h38  – Temps de Lecture 3 min.

https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/02/28/atos-fin-des-discussions-avec-daniel-kretinsky_6219009_3234.html

Il ne restait plus grand monde pour croire encore à un accord. Le fil est officiellement rompu. Atos a annoncé, mercredi 28 février, la fin des négociations exclusives avec l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky pour lui vendre sa division d’infogérance Tech Foundations. « Les deux parties ne sont pas parvenues à un accord mutuel satisfaisant », explique le groupe d’informatique, ajoutant que la décision a été prise d’un « commun accord » et n’entraînera pas le paiement d’une indemnité.

Atos était entré en discussion avec EP Equity Investment (EPEI), le fonds d’investissement de Daniel Kretinsky, le 1er août 2023. Objectif : lui céder Tech Foundations, activité jugée déclinante, pour se concentrer sur le développement prometteur de la division de cybersécurité et de conseil, Eviden. Mais rien ne s’est passé comme prévu : des actionnaires d’Atos se sont rapidement émus des conditions financières de l’opération négociées avec EPEI, jugées trop favorables, alors qu’ils auraient été appelés, dans le même temps, à remettre la main à la poche, à travers une augmentation de capital, pour donner plus de moyens financiers à Eviden ; le cours de Bourse d’Atos s’est effondré (– 75 % depuis le 1er août) ; et la gouvernance du groupe a volé en éclats. En moins de sept mois, Atos a changé une fois de président et trois fois de directeur général.

L’arrivée à la présidence, le 16 octobre, de Jean-Pierre Mustier, en remplacement de Bertrand Meunier, a contribué à tendre un peu plus les discussions, l’ancien directeur général de la banque italienne Unicredit tentant de rééquilibrer les conditions de l’accord au profit d’Atos. Mais, dur en affaires, Daniel Kretinsky n’était pas prêt à céder trop de terrain. La ligne s’est rapidement brouillée. Dans le camp du milliardaire tchèque, on se demandait si la direction d’Atos avait réellement envie de trouver un accord : en plein cœur des discussions, Jean-Pierre Mustier s’était absenté plusieurs jours en janvier pour une traversée de l’océan Atlantique à la voile. Par la suite, malgré quelques tentatives de relance, le dialogue n’a jamais véritablement repris, mais aucune des deux parties ne souhaitait prendre la responsabilité de l’échec.

Lire l’enquête | Article réservé à nos abonnés Atos, l’hubris et la chute d’un mousquetaire français de l’informatique
L’officialisation de la rupture a le mérite de clarifier la situation, mais elle laisse Atos dans une situation financière toujours aussi inquiétante pour ses 100 000 salariés et ses clients. Alors que le groupe d’informatique a demandé, le 5 février, que soit nommé un mandataire pour l’aider à renégocier sa dette avec ses banques, il a annoncé, mercredi 28 février le report de la publication de ses résultats annuels, initialement attendus jeudi 29 février, à la demande de ses commissaires aux comptes.

Conséquences sur la souveraineté technologique

Les cabinets Deloitte et Grant Thornton « sont en attente d’un rapport de revue d’activité indépendante pour compléter leur audit des résultats des tests annuels de perte de valeur du goodwill [survaleurs] », explique Atos. Réalisés chaque année, ces tests visent à ajuster la valeur comptable des sociétés acquises dans le passé au regard de l’évolution de plusieurs critères. Atos pense pouvoir publier ses comptes audités le 20 mars.

C’est aussi sur cette base que pourraient être décidées des cessions d’actifs pour renflouer la société. Daniel Kretinsky pourrait alors revenir dans le paysage. D’autres candidatures ne sont pas exclues, comme celle de l’américain Kyndryl, ancienne filiale d’infogérance de la société IBM, que l’on dit aussi intéressé par Tech Foundations. Le groupe ne fait pas de commentaires. En parallèle, Atos continue de discuter avec Airbus pour la vente d’une partie d’Eviden. Le canadien CGI est également à l’affût pour une partie de l’activité, tout comme Onepoint, la société de David Layani, devenue le premier actionnaire d’Atos avec un peu plus de 11,4 % de son capital.

Inquiet des conséquences que ce démantèlement annoncé pourrait avoir sur la souveraineté technologique de la France, Atos fabriquant par exemple les supercalculateurs utilisés pour la simulation des essais nucléaires, les commissions des affaires économiques et des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat ont ouvert une mission d’information le 29 janvier. Plusieurs dirigeants et actionnaires ont déjà été entendus. Jean‑Pierre Mustier et son directeur général, Paul Saleh, seront auditionnés, en public, le 10 avril à 17 heures.

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Mais pour des raisons de couts de procédure, elle est réservée aux personnes ayant subi des pertes supérieures à 10 000€, sinon les coûts judiciaires, avocats, expertises, etc… en millions d’euros seraient supérieurs à la perte et ne seraient pas rentables pour le fonds qui financera ce recours. Soyez assuré qu’il ne s’agit pas de snobisme, mais réellement de contraintes financières.

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