C’est une information que nous savons depuis deux mois, et que nous avons un peu procrastiné à révéler. L’arrivée de Layani nous incite à révéler ce scandale. 33% à 35% du CA d’Eviden dépend de commandes de clients de TFCo. Soit un gros tiers.
Les deux activités ne sont pas du tout hermétiques. Atos a violemment menti et désinformé ses actionnaires.
Les activités de EVIDEN sont totalement dépendantes de TFCo. Tout le monde le sait chez Atos et tout le monde dans le haut de la pyramide a menti ou menti sur ordre.
Si l’état était impliqué, on dirait “scandale d’état”.
Depuis le 14 juin 2022, Atos ment éhontément sur l’interdépendance des deux activités.
Je sais même qu’en mai 2023, les actionnaires requérants (Sycomore-Nactis-Asdi) ont été reçus par Meunier et les DGs ou via une visio, mais peu importe et qu’ils leur ont confirmé qu’il n’y avait quasiment pas de ventes croisées entre TFCo et Eviden. Dans un procès pénal contre Meunier, je suis sûr que ces actionnaires ou ex-actionnaires pourraient en témoigner.
Or ces activités sont au contraire tellement imbriquées, que dans le deal Kretinsky, il y a depuis le début ce qu’on appelle un LOCK-UP terme anglais maintenant fréquemment utilisé y compris en français pour dire qu’on “verrouille” une situation. Ici, le lock-up est simple. Il s’agit tout simplement d’une obligation de fourniture exclusive de Kretinsky auprès de Eviden durant une durée de 3 ans. Meunier d’abord, puis Mustier avaient prévu de vous l’annoncer 3 semaines avant l’AG et de vous prendre de court.
Pourquoi faire un lock-up de 3 ans pour des activités hermétiques ? Étrange, non ??
Pourquoi une clause de fourniture exclusive de TFCo chez Eviden, pour des activités hermétiques ? Étrange, non ??
TFCo pourra faire concurrence à Eviden dans le cadre de package, mais uniquement en sous-traitant à Eviden.
La réponse est ultra-simple. Si Kretinsky décidait de se servir chez des tiers autres que Eviden, comme Sopra ou Inetum,.. pour la cyber, de créer ses propres équipes en inde pour vendre des apps, Eviden ferait faillite sous 3 à 4 mois. Et là, je ne parle pas de conciliation, je parle de faillite pure et simple car on ne se remet pas d’une baisse de 30% du CA.
En effet, imaginez 30 à 35% du CA qui part en fumée du jour au lendemain alors que vous avez une MOP poussive de 5.5% et que la prévision d’une MOP de 12% en 2026 relève plus de l’escroquerie-Meunier que de la naïveté.
Quelles preuves j’ai de ce lock-up?
Pour le lock-up de 3 ans Kretinsky et Eviden ce sont des sources ultra-fiable proches de la direction juridique d’Atos.
Quelle a été ma réaction quand j’ai appris cela il y a un mois ?
J’ai dit à mon interlocuteur “3 ans seulement ??” “Donc dans 3 ans et 1 jour Kretinsky vendra ses propres apps avec des ingénieurs en Inde“.
Réponse de mon interlocuteur : “3 ans c’est loin“.
Ma réponse : “mais 3 ans c’est demain“.
“Déjà dans 2 ans et 6 mois, Kretinsky va commencer à recruter des ingénieurs Indhous pour les former et vendre ses premières prestations en concurrence d’Eviden dans 3 ans et 1 jour“.
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Donc dans l’hypothèse où le futur Eviden SE, le Atos SE d’aujourd’hui qui sera renommé dans quelques mois passait à la fois l’hiver et le printemps sans être démantelée, c’est case faillite assurée dans 3 ans.
Quelles sont les ventes croisées que Meunier a caché aux actionnaires requérants de la fronde Sycomore dans la réunion visio de mai 2023.
1. Les ventes package Cyber-serveurs.
Dans la cyber, nous en avons déjà parlé, il y a la cyber ultra-technique env. 300M€, logiciels d’encryptage-décryptage pour faire simple, et les MSS Managed Secured Services env. 550M€ qui consiste à mettre des parefeus derrière les serveurs de TFCo et de vérifier tous les jours dans le cadre de services de maintenance que les portes du parefeu sont bien étanches. Cette “Cyber du pauvre” était à l’origine une entité TFCo. Et Breton a décidé de la fusionné avec la vrai Cyber héritée de bull et de rassembler cela avec Big Data pour en faire BDS. Mais Managed Secured Services est la division n°1 de BDS et Gartner l’avait même classé selon un rapport douteux que personne n’a jamais vu (passé 1h sur le site Gartner, pas trouvé, ni sur Atos.net) n°1 mondial des Managed Secured Services. L’année du classement, 2020 je crois, 65% était pour TFco.
2. La cyber ultra-technique fait autour de 300M€ et celle-ci n’est quasi pas dépendante de TFCo, “seulement” 10% du CA est fait avec TFCo, mais la plus grosse partie de la cyber, les Managed Secured services, soit 550M€ en 2023 elle est hyper dépendante de TFCo. En 2022, au moment de l’annonce du plan, 60% des ventes des 550M€ de Managed Secured services étaient pour des clients de TFCo, soit dans le cadre de ventes simples, soit dans le cadre de “packages” infrastructure-cyber.
C’est aussi un des points qui a refroidi Airbus. Cette activité vaut peu, car ultra TFCo-dépendante. Sur 2023 avec la décroissance sélective, on serait sur 55% des ventes de Managed Secured Services pour des clients TFCo. Pour l’acheteur de cette division, si TFco capotait, 55% du CA part en fumée…
3. De multiples articles notamment de la CGT qui, avec ses qualités et ses défauts, a l’avantage de ne pas corrompue avec la direction comme la CFDT Atos, l’explique très bien dans de nombreux articles, en plus de mes contacts privilégiés, qui m’ont confirmé ces chiffres.
Ensuite le cloud.
TFCo ne vend que du cloud hybride depuis le 7 juin, c’est-à-dire un mixte de solutions avec certains serveurs chez le client et d’autres dans le cloud. Environ 30% du cloud de Eviden est vendu à TFCo dans le cadre des prestations hybrides.
Et pour augmenter les ventes de TFCo, NB avait mis en place à l’automne 2022 la vente de cloud public, le fameux contrat avec AWS, dont on entendait plus parler depuis plusieurs mois. La raison c’est que Oliva se plaignait de la concurrence AWS avec le cloud Eviden. En effet, la vente de prestation AWS concurrencerait un peu Eviden, mais certains clients avaient plus confiance à des sociétés de la taille d’Amazon pour héberger leurs données que de Eviden. C’était ce que j’avais compris dans le discours de Nourdine Bihmane et son souhait de proposer de l’infrastrucure ou du clourd. Le but était aussi que des clients ayant choisi AWS, se voient recommander par AWS de traiter avec TFCo comme chef de projet.
Depuis l’été, la priorité de TFCo c’est donc de vendre QUE du cloud hybride uniquement pour ne pas concurrencer le cloud Eviden ultra-poussif. Donc le périmètre de l’accord AWS était réduit à peau de chagrin et à n’en pas douter, Nourdine Bihmane à l’origine de cet accord, va massivement relancer les ventes de cloud AWS une fois sous pavillon Kretinsky, si cession il y a.
Donc dès que TFCo sera dans les mains de Kretinsky, il va relancer à donf l’accord AWS et concurrencer Eviden sur la vente de cloud pur, dit cloud public, et voir mettre en place cloud souverain (cloud AWS vendu et supervisé par TFCo), si new Atos est immatriculé en France. Mais à priori on m’a parlé du Luxembourg pour le futur siège de new Atos. Et sauf si ça fait partie du lock-up de 3 ans, donc dans ce cas dans 3 ans et 1 jour Kretinsky va massivement vendre du cloud public et concurrencer Eviden. Ça sera juste du différé.
Le gros morceau. Les apps.
50% des apps hors Syntel seraient vendues à des clients de TFCo dans le cadre d’un contrat de fourniture globale où le client ne veut pas avoir 36 000 fournisseurs informatique, mais plutôt un seul.
Les commerciaux TFCo pendant des années vendaient infrastructure et apps. Ce sera facile pour eux de continuer à faire cela dans 3 ans et 1 jour.
TFCo a déjà des employés en Inde, donc recruter des ingénieurs apps sera un jeu d’enfant.
Dans 3 ans la bulle cybersécurité sera terminée et les boites de Cyber se vendront dès lors à des prix raisonnables d’une fois à 1.5 x le CA, dans 2 ans et 6 mois, Kretinsky cherchera à acheter une boite de cyber et non seulement s’auto-fournira en Managed Secured Services, mais concurrencera directement Eviden pour la Cyber Ultra technique (300M€), la seule sur laquelle Atos fait une marge décente 8 à 9%.
Les contrats de non-concurrence courent en principe sur 5 ans et non 3 ans car on sait que 3 ans ça passe très vite.
Donc au moins, en demandant 3 ans maximum, les intentions de Daniel Kretinsky sont claires, il va concurrencer Eviden, et il n’y a pas à lui en vouloir, mais uniquement à ceux qui lui bradent TFCo et acceptent ses conditions draconiennes au lieu de continuer la restructuration.
Donc le programme de Kretinsky, c’est dans les 2 prochaines années revenir à un FCF positif et Nourdine Bihmane nous a dit que ça se ferait au début de l’été 2025, puis ensuite il va faire grossir TFCo qui portera le nom ATOS et va investir dans des équipes en Inde et dans une petite boite de Cyber du type 300M€ de CA pour sécuriser les serveurs TFCo sans passer par Eviden et concurrencer pleinement Eviden dans la Cyber à forte valeur ajoutée.
Si le deux premières années sous propriété de EPEI étaient encourageante, VESA, la holding de tête de Kretinsky a des moyens énormes avec le Kilowatt qui flambe, avec je crois un EBIDTA de 1.6Md€. Et le KW risque plus d’augmenter que de baisser avec la guerre qui n’en finit pas + la nouvelle guerre en Palestine.
Il ne faut pas oublier que comme un nombre super élevé de clients sont communs, TFCo aura la quasi-totalité du fichier Eviden et que les commerciaux TFCo auront déjà traité par la passé avant la scission avec les client-prospects qu’ils iront visiter pour concurrencer Eviden. On préfère toujours les têtes qu’on connait aux nouvelles têtes des commerciaux Eviden.
Vous pourriez me rétorquer : “mais pourquoi les clients iraient chez TFCo plutôt que Eviden en situation de concurrence entre les deux entités”. Eviden SE c’est quand même une grosse clientèle et 30 ans d’ancienneté !”.
Oui, mais non.
C’est 30 ans d’ancienneté sous l’enseigne “ATOS”, mais personne connait le nom Eviden. Vous avez déjà vu une pub Eviden dans un magazine ?
Par contre, tout le monde connait le nom Atos qui va avoir une exposition médiatique exceptionnelle durant 1 mois avec les JO.
D’ailleurs sur ce point-là, Bourigeaud et Breton étaient un peu cul-cul tous les deux. Aucun ne voulait faire de pub partant du principe que les JO étaient LE budget pub de Atos. Mais les JO c’est TFCo, donc comment va faire Eviden sans pub et sans JO pour se faire connaitre ??
Quand je vais voir un match de Champion’s league dans les bars Thaïlandais (mon pays de résidence), à la mi-temps je vois régulièrement des pubs CapGemini.
Qui a déjà vu une pub Atos à la télé ?
Kretinsky va inonder tous les aéroports, les catalogues dans les avions,.. de pub Atos durant la durée des JO, avec probablement un nouveau logo pour remplacer cet horrible machin bleu et la côte de la MARQUE Atos va monter en flèche.
La marque Atos passé au crible de la jurisprudence Findus.
Findus !! ??
Vous allez vous dire, “ça y est le Map il est devenu fou-allié…
Du tout.
Le cas Findus est un cas marketing passionnant.
En 1999, Nestlé France, propriétaire de Findus décide de se retirer des poissons surgelés. En effet, il faut avoir ses propres chalutiers ultra-sophistiqués, ce n’est pas le coeur de métier de Nestlé qui se recentre sur les plats cuisinés. Et en même temps que le retrait du poisson, ils décident de recentrer le “branding” de tous les plats cuisinés Findus et pizzas Findus sur la marque Maggi pour les plats cuisinés et Buitoni pour les Pizzas.
Donc chez Nestlé, plus besoin de la marque Findus. Qu’en fait-on ? On la range dans un placard pour les archives du groupe ??
Le Directeur Marketing monde de l’époque, Lars Olofsson, qui deviendra plus tard durant PDG de Carrefour et mettra Carrefour dans le rouge pour de nombreuses années, a alors une idée “de génie” (ils auraient pu faire un concours de génitude avec Meunier 😀 )
Il propose à son DG le deal suivant : “on trouve un krétin (vous aurez compris l’allusion) qui achète la marque Findus, on lui interdit de l’utiliser pendant 4 ans; et dans 4 ans tout le monde aura oublié le nom Findus et on aura récupéré un demi-milliard sur le dos du krétin”. La DG Nestlé dit OK.
Le krétin de Nestlé, en l’occurence c’est un fond norvégien EQT qui achète la marque Findus pour 400M€. Il achète juste la marque déposée Findus et le logo, rien d’autre, zéro actif, zéro passif, la marque Findus point barre. Et l’interdiction de l’utiliser pendant 4 ans.
Au bout de 4 ans et un jour, le groupe norvégien inonde les linaires de plats cuisinés Findus, Pizza Findus, etc…
Et contrairement à ce que pensait Lars Olofsson, le Meunier de Nestlé, personne en France n’a oublié la marque Findus même 4 ans après (et pour Atos on est que sur 3 ans) grâce au logo très reconnaissable et à la fameuse petite chanson “heureusement il y a Findus“.
En un an Nestlé perd 15% de parts de marché que récupère le groupe Norvégien avec Findus. L’arroseur arrosé et c’est celui qu’on a pris pour un krétin qui empoche le gros lot en passant même devant les marques Maggi et Marie, grâce au double effet notoriété Findus et des plats de très bonne qualité.
Findus a ensuite connu des difficultés mais rien à avoir avec le deal Nestlé. Le krétin EQT a ensuite revendu Findus avec une belle plus-value à Lion Capital qui a eu ensuite la bonne idée de mettre de la viande de cheval dans des lasagnes. Avant cela, le new-Findus se portait très bien.
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Donc même si on ne peut pas écrire l’histoire à l’avance, tout laisse à penser que dans 3 ans et 1 jour Kretinsky va arriver avec de la cybersécurité Atos, des apps Atos, du cloud public Atos… et je ne parle même pas de AI… et mettre à terre Eviden si d’aventure la société Eviden existait encore.
Imaginer que Kretinski avec la cash machine de la partie électricité de son groupe se contentera d’être une société de gestion de parcs informatiques, y’a que Meunier qui pouvait penser ça (ça me manquait un peu de plus lui taper dessus 😀 )
On va se retrouver dans une situation ubuesque où les clients de Atos-TFCo diront au commercial de Atos-Eviden “on préfère traiter avec Atos”.
Le commercial Eviden qui travaille depuis 20 ans chez Atos va s’arracher les cheveux et dire au client “mais c’est nous Atos“, le client va le prendre pour un fou et lui dire “écoutez monsieur, vous c’est Eviden. Moi, je traite avec Atos point à la ligne et bonne journée 😀 “
Heureusement il y a Atos, Atos …
Conclusion, si d’aventure Eviden SE arrivait à éviter la conciliation, dans 3 ans c’est la faillite. Merci Bertrand…
Comme dans les mêmes situations les mêmes causes produisent les mêmes effets, Atos va dire “ce petit blogueur, il ne connait rien à la vie” et l’histoire va indéniablement se répéter.
Le mec qui a fait la boulette, ce n’était pas un petit blogueur, mais le directeur marketing monde de Nestlé, 90Md€ de chiffre d’affaires… Mais vous chez Atos vous êtes plus fort, que Nestlé hein ?
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Je crois beaucoup, comme les marchés, aux prophéties auto-realisatrices… à force d’annoncer un événement, il finira forcément par arriver, juste parce qu’on l’a annoncé.
Vos articles, que j’ai suivis avec beaucoup d’attention, tournent de plus en plus en des écrits négatifs.
À dessein ?
Je pense plutôt que ce sont vos critiques qui sont à dessein. Dénoncer la cession de TFCo à K, c’est plutôt tenter la dernière chance de sauver Atos que de l’enfoncer non.
Le but de cet article est de dire “êtes-vous sur de vouloir tuer Eviden ?”. C’est encore temps de revenir en arrière.
Donc c’est votre commentaire qui est complotiste à priori, pas mon article !