Dans son call du 19 janvier aux 500 top managers d’Atos (voir article Challenges) Paul Saleh déclarait que le deal BDS était quasi acquis. A tel point qu’aucun plan B n’était prévu à part une sauvegarde.
Paul Saleh disait même à ses brebis : “pourquoi faire un plan B, le conseil d’administration est d’accord sur tout, il manque juste la due diligence”.
OUI MAIS.
Comment expliquer que chez Airbus zéro communication sur les négociations, à part un simple communiqué Reuters citant une personne proche du dossier qu’Airbus avait manifesté un intérêt sur BDS.
Selon un courriel envoyé à Reuters (dont nous n’avons pas pu avoir copie), un porte-parole d’Airbus aurait confirmé une offre non engageante pour la reprise de la division BDS d’Atos le 3 janvier.
« L’acquisition de BDS pourrait accélérer de manière significative la transformation numérique d’Airbus, améliorer le portefeuille de défense et de sécurité de l’entreprise grâce à de solides capacités en cybernétique, en informatique avancée et en intelligence artificielle, et soutenir la feuille de route d’Airbus en matière de décarbonation », a déclaré Airbus.
Et rien depuis, même pas une petite interview de Guillaume Faury. Quant à un communiqué de presse sur le site web de l’avionneur, n’y pensons même pas.
Et si Paul Saleh “nous la faisait à l’envers” pour gagner du temps ? Marque d’intérêt c’est un cran en dessous de lettre d’intention et très loin de l’entrée en négociations exclusives. Or l’usage est que la Due Dilligence, qui donne accès à l’acheteur à tous les secrets du vendeur qui parfois est aussi concurrent, se fasse une fois l’entrée en négociations exclusives. Mais apparemment c’est la norme entre Atos et Airbus, l’année dernière la Due Dilligence s’était fait dans un cadre de négociations non-exclusives.
Peut-on imaginer qu’Airbus annonce la signature de l’accord fin mars par un simple communiqué sans même préalablement annoncer l’entrée en négociation exclusive ? L’intérêt d’Airbus est évident, ce serait complotiste de le nier. La quasi-certitude d’un accord est, elle, un sujet bien moins sûr.
Je me suis refait le call en entier et je n’arrive toujours pas à comprendre comment un type peut dire à ses troupes c’est quasi signé alors que l’autre partie reste dans un mutisme total.
Donc l’ami Paul serait…
Quant “aux liquidités abondantes pour faire face aux near term obligations”, je rappelle qu’obligation se dit bond en anglais et que la phrase voulait dire “nous avons les liquidités suffisantes pour faire face à nos engagements de paiement à moyen terme. Mais en aucun cas qu’Atos est capable de payer l’obligation novembre 2024 de 500M€. Ceci vient donc conforter l’image ci-dessus.
Le fait que Paul Saleh soit sûr du deal avant même la Due Diligence m’inquiète beaucoup. Je me dis que le mec est vraiment en mission brainwashing et tant que je n’aurais pas lu un communiqué d’Airbus, je me dirais que la probabilité que le deal ne se fasse pas est très très élevée, ou une arrivée à la dernière minute de Thalès avec un prix raz les pâquerettes.
Le blog continue à penser qu’une conciliation suivie d’une sauvegarde accélérée avec restructuration de la dette est inévitable et que la vente de BDS est simplement un geste demandé par les créanciers pour jour sur les 3 tableaux, cessions d’actifs, abandon de créance et conversion de la dette en capital.
D’où le retard en dernière minute de l’entrée de David Layani au board… pour pouvoir prendre les décisions entre intimes 🙂
Dans un courriel envoyé à Reuters, un porte-parole d’Airbus a confirmé une offre non engageante pour la reprise de la division BDS d’Atos.
“L’acquisition de BDS pourrait accélérer de manière significative la transformation numérique d’Airbus, améliorer le portefeuille de défense et de sécurité de l’entreprise grâce à de solides capacités en cybernétique, en informatique avancée et en intelligence artificielle, et soutenir la feuille de route d’Airbus en matière de décarbonation”, a déclaré Airbus.
Merci beaucoup de votre remarque, j’ai donc amendé l’article. Même si dans le fond ça ne change pas la donne, d’un côté une quasi-certitude d’un accord et de l’autre côté une marque d’intérêt non engageante. Nuance titanesque !!
Je pense (pour rester modeste, moi, et ne pas dire “j’affirme”…) que vous sous-estimez le poids de Layani dans les différentes discussions, et en particulier auprès des banques.
Vous ne pensez quand-meme pas qu’il s’est lancé à l’assaut d’Atos tout seul, si ? Cela fait bien longtemps que Layani, Kretinski et Faury “discutent”.
Si le deal avec Kretinski ne se fait pas (pour l’instant), il se fera plus tard, ou alors TFCo sera vendu à un autre.
A la fin, Layani récupèrera ce qui l’intéresse, Digital en tout ou partie.
Je connais quelqu’un qui discute avec des banques de la City à Londres et je pense que vous êtes tous très loin du paysage qui se dissimule dans cette affaire.
Lockheed Martin, ça vous parle?..