Une grande banque française veut lâcher Atos [L’INFORMÉ]

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La direction du groupe de services numériques a sollicité la désignation d’un mandataire ad hoc afin d’encadrer la restructuration de sa dette financière.

Depuis des mois, l’éventualité d’une vaste opération de restructuration de la dette financière d’Atos faisait trembler tous les établissements bancaires et les détenteurs d’obligations. Le scénario est devenu plus probable que jamais.

Publié : 06/02/2024 à 17:21

Hier, la direction du groupe de services numériques a annoncé vouloir désigner un mandataire ad hoc pour encadrer les discussions avec ses prêteurs. Atos doit faire face à 2,4 milliards de dette bancaire (term-loan et RCF) et à 1,25 milliard d’euros de créances obligataires arrivant à échéance en 2024 ou en 2025. Pour rester maître de leur destin, certains établissements bancaires ont décidé de vendre tout ou partie de leur créance à des hedge funds, malgré d’importantes décotes. Signe du niveau de défiance désormais atteint. Du côté des banques françaises, au moins l’une d’entre elles a engagé des réflexions en ce sens, le Crédit Agricole, a appris l’Informé.

Selon plusieurs sources, Crédit Agricole CIB (CA CIB), la filiale de financement et d’investissement de la banque verte, manœuvre en coulisse pour se délester de sa créance, estimée à environ 150 millions d’euros. « Une partie de cette position a déjà été cédée sur le marché secondaire de la dette », croit même savoir un banquier. La structure n’est pas le plus gros prêteur bancaire français d’Atos : les expositions de BNP Paribas, de la Société Générale, de CIC et de Natixis seraient trois à quatre fois supérieures. Cette position fait de CA CIB un suiveur, n’ayant pas voix au chapitre dans les négociations autour de la restructuration de la dette. Mais son attitude (comme celle des banques françaises en général) est surveillée de près par l’État, dans ce dossier devenu très politique. Le Ciri, la cellule de Bercy qui s’occupe des restructurations financières et industrielles, aurait tâché de convaincre la banque de modérer son jeu – en d’autres mots, de ne pas céder la totalité de ses engagements. En parallèle, l’Elysée, par l’intermédiaire des conseillers Claire Vernet-Garnier et Matthieu Landon, scrute chaque aspect des négociations.

L’hypothèse d’une sortie du Crédit Agricole se fait jour alors que les fonds de dette spéculative ciblent de plus en plus ouvertement Atos. Connu pour son rôle clé dans la restructuration de Casino, Attestor s’est invité dans le dossier, comme l’a révélé Challenges. Selon nos sources, l’investisseur aurait fait affaire avec une banque étrangère – le nom de HSBC est évoqué – pour lui reprendre une créance de 50 millions d’euros à seulement 40 % de sa valeur faciale. Des hedge funds comme D.E. Shaw, Boussard & Gavaudan ou encore Syquant Capital, quant à eux, auraient multiplié les achats de créances obligataires à échéance novembre 2024 et 2025.

En attendant l’ouverture d’un mandat ad hoc, les créanciers s’entourent pour préparer les discussions avec la société. Les prêteurs bancaires se sont attaché les services d’Ondra Partners comme conseil financier et de Gibson Dunn sur le plan juridique. Les prêteurs obligataires sont conseillés par Messier & Associés et le cabinet d’avocats Willkie Farr & Gallagher mais aussi, selon nos informations, par Ceres Partners et Ashurst, pour les investisseurs exposés aux échéances plus lointaines (2028 et 2029).

Contactés, Atos, le Crédit Agricole et HSBC n’ont pas souhaité faire de commentaire.

https://www.linforme.com/tech-telecom/article/une-grande-banque-francaise-veut-lacher-atos_1424.html

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