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Dans un entretien aux « Echos », le créateur et patron de Onepoint, qui vient de prendre 10 % d’Atos, explique qu’il a encore des moyens financiers pour les prochaines étapes du dossier. Il plaide pour une renégociation de la transaction entre Atos et Daniel Kretinsky.
Par Florian Dèbes, Nicolas Madelaine
Alors que les soutiens financiers à Atos ne se sont pas bousculés ces derniers mois, David Layani semble vouloir se positionner en pivot des futures discussions. Sans abattre toutes ses cartes, il indique aux Echos « en avoir encore sous le pied » du point de vue financier pour les prochaines étapes. « Nous ne sommes pas là pour faire un coup financier, nous nous positionnons en actionnaire de référence et sommes là pour longtemps », dit-il en se félicitant de l’accueil favorable à sa démarche ce jeudi de la Bourse de Paris. L’action Atos a grimpé de 12 % jeudi matin même si elle a terminé sur une hausse limitée à 0,29%.
Pas d’opposition à la cession de Tech Foundations
Sur le fond, David Layani soutient la nouvelle direction. Celle-ci a, d’ailleurs, bien accueilli son entrée au capital. Il ne compte pas non plus s’opposer à la scission en cours du groupe et accepte la cession de Tech Foundations [les métiers d’infogérance d’Atos à croissance faible] au milliardaire Daniel Kretinsky. « Atos doit choisir ses combats », pointe-t-il. Mais le soutien du patron de Onepoint n’est pas inconditionnel.
« Nous voulons libérer Daniel Kretinsky de l’augmentation de capital qui a créé des tensions et en contrepartie, nous souhaitons que le prix pour Tech Foundations soit revu à la hausse », expose David Layani. De son côté, l’entrepreneur ne s’engage pas à participer à cette augmentation de capital qui permettrait à Atos de rembourser des dettes. Mais il ne l’exclut pas non plus, en fonction des conditions.
De nouvelles discussions sur le volet « souveraineté »
S’il reste à voir si l’homme d’affaires tchèque est prêt à payer davantage pour les métiers de gestion de parcs informatiques d’Atos, il est indéniable que sa possible entrée au capital d’Atos – à hauteur de 7,5 % – a créé des remous politiques. Un amendement faisant son chemin au Parlement menace, par exemple, le groupe d’une nationalisation temporaire. Daniel Kretinsky lui-même envoie désormais des signaux indiquant qu’il ne souhaite pas particulièrement monter au capital d’Atos en plus de racheter Tech Foundations.
Cette agitation ayant beaucoup à voir avec le volet « souveraineté » du dossier, David Layani souhaite aussi de nouvelles discussions sur cet épineux problème. Alors que les supercalculateurs d’Atos jouent un rôle central dans la dissuasion nucléaire française, la nationalité des investisseurs dans l’ensemble du groupe crée des interférences avec les logiques économiques du dossier. Pour évacuer le problème, l’idée est de « sanctuariser les actifs d’Atos stratégiques pour la France ».
Certains s’interrogent depuis longtemps sur une éventuelle implication de l’Etat au capital d’une activité de supercalculateurs. En retour, les ministères pourraient bénéficier de contrats plus longs. Ce sera au conseil de l’entreprise et à l’administration de trouver des solutions.
Vers des cessions d’actifs ?
Le retour de Onepoint sur ce dossier après une tentative rejetée par la direction de Bertrand Meunier en septembre 2022 de rachat de la partie alors nommée Evidian d’Atos (cybersécurité, les supercalculateurs, le Big Data et l’intégration de logiciels), n’a toutefois pas répondu à toutes les questions des marchés.
« La montée au capital de Onepoint ne change pas la situation financière tendue d’Atos, explique Nicolas David, analyste chez Oddo BHF. Onepoint a sans doute de la marge de manoeuvre pour participer à une augmentation de capital, mais cela risque de ne pas suffire sans l’arrivée d’autres actionnaires. Onepoint prend donc des risques à moins qu’il puisse en bonne entente avec la direction d’Atos pousser à des cessions d’actifs pour désendetter le groupe ». De fait, Onepoint est certes en croissance forte et rentable, mais son chiffre d’affaires est bien plus petit que celui d’Atos, même une fois l’infogérance sortie.
Dans ce contexte, David Layani veut-il acquérir seulement une partie du futur Atos sans l’infogérance (qui doit se renommer Eviden) ou devenir actionnaire contrôlant du groupe. Voudra-t-il reprendre langue avec le fonds d’investissement britannique ICG qui devait financer sa prise de contrôle d’Evidian à l’époque ? « Le sujet du démantèlement n’est pas du tout à l’ordre du jour », dit en tout cas David Layani.
Florian Dèbes et Nicolas Madelaine
https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/le-patron-de-onepoint-veut-etre-l-ancrage-francais-datos-2026536
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