À quelques semaines d’un rendez-vous actionnarial décisif, le sort d’Atos gagne en complexité. Deux membres du triumvirat actuellement à la tête du groupe de services informatiques sont visés par une plainte, alors que les négociations exclusives avec l’homme d’affaires Daniel Kretinsky sont censées s’achever d’ici à la fin de l’année.
La situation se tend chez Atos. Le groupe français de services informatiques a confirmé, vendredi 29 septembre, le départ de son directeur général de la division BDS (big data and cybersecurity), Jean-Philippe Poirault. Challenges avait auparavant indiqué que ce dernier avait été démis de ses fonctions cette semaine compte tenu des mauvais résultats de cette branche stratégique d’Atos – information que le groupe n’a pas voulu confirmer. Il sera remplacé par Philippe Oliva, jusqu’alors directeur général délégué d’Atos BDS. En réaction, le titre Atos prenait 3,25%, à 6,60 euros, vendredi en clôture.
Ce départ précipité survient dans un climat de haute tension au sein du groupe, qui est censé boucler d’ici à la fin de l’année son plan de scission. Atos a annoncé l’ouverture, début août, de négociations exclusives avec l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky. Celui-ci doit racheter, dans ce cadre, Tech Foundations, sa branche historique d’infogérance, en difficulté, et prendre 7,5% du capital d’Eviden, la future entité qui inclura notamment les activités de cybersécurité.
Cette cession fera l’objet d’un vote des actionnaires, lors d’une assemblée générale extraordinaire, censée se tenir d’ici à la fin de l’année. Mais aucune date n’est encore fixée.
Or la situation est «extrêmement compliquée», selon une source interne du groupe.
D’abord, en matière de gouvernance. Nourdine Bihmane, directeur chargé des activités opérationnelles de Tech Foundations et Diane Galbe, directrice de la stratégie du groupe – tous deux mandataires sociaux chargés de négocier la cession avec Daniel Kretinsky – sont visés par une plainte pour corruption active et passive auprès du Parquet national financier (PNF), déposée par un actionnaire minoritaire du groupe, le fonds Alix PM.
Pour l’instant, rien n’est acté : la plainte est en cours d’instruction, rappelle-t-on chez Atos, et on ne sait si elle sera recevable. Les avocats du fonds estiment que les plans d’intéressement proposés aux deux dirigeants pour continuer de travailler avec Daniel Kretinsky les placent en situation de conflit d’intérêts.
Mais «ces allégations sur des packages d’intéressement à l’intention des deux dirigeants sont fausses : ces packages concernent une cinquantaine de cadres de la future entité Tech Foundations, et sont assortis de conditions de performance sur cinq ans», argumente une porte-parole d’Atos. Des conditions qui seraient exigeantes, en prévision d’un succès à terme.
Ce dernier épisode et les manifestations de mécontentement d’autres actionnaires minoritaires, pourraient-ils indisposer Daniel Kretinsky ? Deux actionnaires minoritaires, le fonds Ciam et l’Union des actionnaires d’Atos constructifs (Udaac) ont contesté son projet de rachat, par des lettres, rendues publiques, adressées à l’Autorité des marchés financiers (AMF). Une fronde suivie d’une réplique salée de la part d’Atos, le 22 septembre.
Lettre de Daniel Kretinsky à Bercy
Or, Daniel Kretinsky a adressé à son tour, ces derniers jours, un courrier aux ministères de l’Economie et de la Défense à propos de son poids capitalistique dans Eviden, selon Les Echos, ce dont L’Agefi a eu confirmation. Dans ce courrier, il tente de rassurer sur sa participation. Il compte bien rester «un actionnaire minoritaire», sans exclure l’option de renoncer à une prise d’un tel ticket actionnarial. L’été dernier, l’hypothèse de son arrivée au capital du futur Eviden, qui comporte des activités sensibles, comme la cybersécurité et les calculateurs, avait provoqué une polémique, 82 sénateurs se fendant d’une tribune où ils estimaient la «souveraineté» française menacée par un tel projet de rachat.
Mais l’homme d’affaires a-t-il vraiment besoin d’Eviden ? «Si Daniel Kretinsky a pris une participation de 7,5% dans Eviden, avec un prix généreux à 20 euros par action, c’est parce qu’Atos le lui a demandé», assure à L’Agefi une source proche du milliardaire tchèque. «Les dirigeants d’Atos y voyaient un gage de confiance susceptible d’attirer d’autres investisseurs au capital d’Eviden». L’homme d’affaires serait avant tout intéressé par Tech Foundations, qu’il devrait racheter à bon prix.
La bataille de communication se tend aussi : on compte actuellement au moins trois actionnaires minoritaires qui multiplient les prises de paroles dans les médias. Du côté d’Atos, ses dirigeants ne répondent presque plus à la presse. La firme est accompagnée par Vae Solis et Image 7, deux des plus grosses agences de communication de la place de Paris. «Certains ont intérêt à ce que le deal ne se fasse pas et que le cours de Bourse d’Atos baisse, ou qu’il soit vendu par appartements», constate, fataliste, l’entourage de Daniel Kretinsky.
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Ok donc Y. Tricaud a réussi à évincer JP Poirault !!
Ce n’est pas une victoire pour BDS quand on voit les choix désastreux et couteusx de Y. Tricaud (syntel, Spring,…).
Les parasites de la direction se planquent chez BDS ou Eviden.
Pour les points de suspension il vient aussi à l’esprit le bradage du workplace (héritage atos origin) à manpower et la maintenance hw (héritage bull) a Nsc (boite indienne avec boss à Londres cqfd…).