Atos joue en défense face à plusieurs actionnaires activistes (L’AGEFI)

Le groupe de services numériques a soutenu, le 22 septembre, son projet de scission assortie d’une cession partielle de ses activités à Daniel Kretinsky. Il se trouve confronté à l’opposition de deux structures d’actionnaires minoritaires qui font valoir leurs arguments auprès de l’AMF.

Publié le 22 septembre 2023 à 18:46 – Maj 22 septembre 2023 à 19:37

Capucine Cousin

Attaqué sur plusieurs fronts par des investisseurs minoritaires, Atos a défendu le bien-fondé de son projet de scission annoncé en juin 2022, dans un communiqué publié vendredi 22 septembre. Dans le sillage de cette publication, son cours de Bourse perdait 1,8% en début de séance avant de limiter ses pertes à -0,4 % en clôture.
Cette contre-attaque épistolaire se veut une réponse directe aux courriers d’investisseurs minoritaires, arrivés ces derniers jours sur le bureau de Bertrand Meunier, le président d’Atos.
C’est une des premières prises de parole du groupe de services numériques, rares depuis la tenue de sa dernière assemblée générale des actionnaires le 28 juin, la publication de ses derniers résultats mitigés, fin juillet, puis l’officialisation, quelques jours après, de l’ouverture de négociations exclusives avec le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, auquel il pourrait céder Tech Foundations, son activité historique, et 7,5% du capital de Eviden, sa filiale de cybersécurité.
Le projet de scission «sera soumis, ainsi que la société s’y est engagée, à l’approbation des actionnaires, allant plus loin que la recommandation de l’Autorité des marchés financiers qui ne prévoit qu’un vote non contraignant en la matière», précise Atos dans son communiqué, répondant ainsi à une réclamation de l’Udaac, une association d’actionnaires minoritaires.
Vive réplique d’Atos aux critiques Dans sa réplique publiée vendredi, Atos dénonce des critiques «infondées», et précise avoir répondu à ces courriers en contestant les allégations. Il estime en outre que la «médiatisation orchestrée» de ces critiques lui portent préjudice, et font le jeu «des vendeurs à découvert et des autres personnes dont l’intérêt est de voir baisser le cours de Bourse de la société».
Atos ajoute qu’il n’hésitera pas «à saisir les juridictions compétentes pour faire sanctionner toutes les manoeuvres visant à la déstabiliser» – un argumentaire qui rappelle celui auquel il recourait plus tôt dans l’année face à la société de gestion Sycomore AM.

Montée au créneau de l’Udaac

Dans le sillage de Sycomore AM, d’autres actionnaires minoritaires se sont mobilisés au cours de l’été, depuis la publication des derniers résultats d’Atos, le 28 juillet. Atos avait alors annoncé un flux de trésorerie négatif de près d’un milliard d’euros.
Au premier chef, l’Udaac (Union des actionnaires d’Atos constructifs), une association d’actionnaires minoritaires constituée cet été, qui a adressé un courrier à l’AMF, le 19 septembre, portant sur la « communication financière » d’Atos.
Dans ce courrier adressé à l’AMF, dont L’Agefi a pris connaissance, l’Udaac souhaite notamment avoir accès à l’accord en cours avec Daniel Kretinsky, au rapport de l’expert indépendant, ainsi qu’aux projets d’accords de transition entre Tech Foundations et Eviden, les deux entités d’Atos depuis la scission des activités du groupe. Elle dénonce en outre une «absence de communication sur les conditions de la vente de Tech Foundations».
Elle avait déjà adressé un premier courrier, le 11 septembre, au conseil d’administration de la firme, pour obtenir des informations sur la situation financière du groupe.
Cette association, constituée fin juillet, revendique à ce jour 0,7% de l’actionnariat d’Atos, hormis la participation d’Hervé Lecesne, un autre actionnaire minoritaire, qui dit détenir environ 1% du capital d’Atos à titre individuel.
En réaction au communiqué d’Atos, l’Udaac indique à L’Agefi préparer «une réponse circonstanciée » qui sera adressée aux administrateurs d’Atos, et vouloir «des réponses publiques» du groupe.

Ciam se dévoile

Le fonds activiste Ciam s’est lancé à son tour dans la bataille. Il est actionnaire d’Atos «depuis un an», pour un montant non dévoilé.
Il a également adressé une lettre aux administrateurs d’Atos ainsi qu’à l’AMF, le 12 septembre, dans laquelle il dresse la liste de ses griefs. Il remet en cause le projet de transformation d’Atos, ainsi que le projet de cession des activités historiques d’Atos à Daniel Kretinsky – plus précisément, le recours à une augmentation de capital de 900 millions d’euros pour financer la cession de Tech Foundations.
Selon Ciam, le projet de transformation d’Atos est trompeur : il «omet tout d’abord de préciser la nature exacte des engagements au bilan transférés à EPEI [EP Equity Investment, un véhicule d’investissement de Daniel Kretinsky, ndlr] à hauteur de 1,9 milliard d’euros, qui permettent d’aboutir à une prétendue valeur d’entreprise de 2 milliards d’euros», laissant penser à tort qu’il s’agit d’un transfert de dette. Pour ses fondatrices, Catherine Berjal et Anne-Sophie d’Andlau, l’opération fait ressortir un prix négatif de 900 millions pour Tech Foundations – et non pas un prix de 100 millions, comme l’écrit Atos – et laisse le futur Eviden endetté.

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