Nouveau simulateur de qubits, offre de conseil et formule SaaS… Atos a présenté jeudi 11 mai une nouvelle offre, Qaptiva, qui vise à accompagner les entreprises dans la définition de cas d’usage et la recherche d’accélération de leurs calculs à court terme.
Gautier Virol
\ 11h00 4 min. de lecture
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Atos s’adapte à l’évolution du marché du calcul quantique. Baptisée Qaptiva et lancée le 11 mai, sa nouvelle offre combine un accompagnement des clients dans la définition de cas d’usage, un environnement de développement permettant de programmer différentes technologies de processeurs quantiques – doublé de librairies logicielles spécialisées – ainsi qu’un nouvel émulateur permettant de simuler jusqu’à 41 qubits. Une offre qui vise à convertir, après les laboratoires de recherche, les entreprises. «C’est une réaction à des mouvements que l’on observe sur le marché depuis 18, voire 24 mois, pointe Eric Eppe, vice-président portfolio et stratégie du groupe. Nous observons des clients passer de la découverte de la technologie au développement d’applications et à la recherche d’un avantage à plus ou moins court terme.»
Faire disparaître le hardware
Dans cette démarche, Atos, via sa nouvelle marque Eviden, se place en facilitateur. Et met en avant sa place de «leader de la compilation de code quantique» affirmée par Cyril Allouche, son responsable de la R&D sur le quantique. «Je dis compilation en analogie aux compilateurs de l’informatique traditionnelle, mais c’est plutôt de l’optimisation de circuit, de la réécriture de code pour l’adapter aux différents hardwares», précise-t-il. Un travail indispensable : alors que les ressources de calcul sont rares, l’optimisation du code permet d’exécuter des programmes plus complexes sur une même machine. «Nous obtenons un gain de compression du code 3,5 fois supérieur pour la machine d’IBM que l’outil de compilation d’IBM lui-même», sourit l’ingénieur.
Intégré à Qaptiva, ce compilateur permet notamment aux développeurs «de travailler sur leurs algorithmes sans se soucier du hardware», pointe Cédric Bourrasset, directeur des activités calcul haute-performance (HPC), intelligence artificielle et quantique d’Eviden. L’offre donnera d’ailleurs accès à différents processeurs quantiques, notamment ceux du finlandais IQM Quantum Computers et des français Quandela et Pasqal, partenaires de l’entreprise. Avec l’objectif, à terme, de donner accès à toutes les familles de processeurs quantiques actuellement en développement. Le tout, accessible via une formule à distance (SaaS). «Contrairement aux laboratoires de recherche, les entreprises n’ont pas forcément besoin d’avoir leur processeur quantique, rappelle Cédric Bourrasset. Surtout que le ticket d’entrée pour une telle machine va de 5 à 50 millions d’euros, sans compter des coûts de maintenance colossaux.»
Agnostique, l’environnement de développement proposé par Eviden se veut orienté vers des cas d’usage concrets. En témoigne l’intégration de librairies logicielles fournies par des start-up du secteur – la serbe QubitSoft, l’espagnole Multiverse Computing et les françaises QuRISK, ColibrITD, QuantFI et Qubit Pharmaceuticals. L’objectif : fournir des outils pour répondre aux cas d’usage spécifiques à différents secteurs, comme la recherche pharmaceutique, l’énergie, la défense ou l’auto. Pour atteindre au plus vite des gains de performance concrets. «Nous pouvons déjà atteindre des accélérations, grâce au logiciel davantage qu’aux calculateurs, estime Eric Eppe. Ce n’est pas l’avantage quantique de plusieurs ordres de grandeur que tout le monde attend, mais le quantique permet déjà d’aller un cran plus loin.»
C’est là que la dernière nouveauté d’Atos intervient. La nouvelle mouture de sa Quantum Learning Machine, baptisée Qaptiva 800 (accessible à distance, contrairement à la version précédente), permet de simuler jusqu’à 41 qubits sur un petit serveur conventionnel dédié. Soit bien plus que ce que la plupart des processeurs quantiques proposent actuellement, et de quoi accueillir des travaux préliminaires avancés. Eric Eppe cite les cas de BMW, dans l’optimisation de sa logistique, ou de Total, dans la science des matériaux pour la capture de CO2. «Dans la finance, les projets de gestion et d’optimisation des portfolios dépassent la preuve de concept, relate Eric Eppe. L’un de nos clients français témoigne déjà de temps de calcul 7 à 30 fois plus rapides grâce à l’utilisation d’algorithmes quantiques sur certaines applications.»
Vers un trio HPC, IA, quantique
Des gains dus à l’usage de qubits simulés, mais aussi à une vision différente des problèmes. «Sur certains cas d’usages, le travail sur les algorithmes aboutit à une reformulation du problème dans un paradigme différent, souligne Cyril Allouche. En chimie des matériaux, cela a parfois permis d’obtenir de meilleurs résultats avec des capacités de calcul moindres.» Un gain déjà observé avec l’intelligence artificielle, qui a notamment permis de gagner 25% de temps de calcul sur des algorithmes météorologiques européens. «Le quantique est la prochaine disruption majeure du calcul haute-performance après l’IA, assure Eric Eppe. Et nous avons des clients du HPC intéressés dans les deux technologies.»
Atos – 2e déposant mondial de brevets sur le quantique – voit ainsi IA et processeurs quantiques s’intégrer petit à petit dans les supercalculateurs pour doper leurs performances. «En mêlant ces trois éléments, nous atteindrons des accélérations intéressantes avant l’arrivée d’une puce d’un million de qubits, que nous n’attendons pas avant une douzaine d’années», croit savoir le vice-président. Une aubaine pour l’entreprise, qui s’est positionnée dès 2016 sur le calcul quantique, principalement sur son hybridation avec les méthodes de calcul conventionnelles. «Nous sommes les seuls à pouvoir assembler quantique et classique», assure ainsi Eric Eppe. De quoi laisser espérer un avantage concurrentiel majeur à Eviden, dont la scission avec sa maison mère est prévue au second semestre 2023.
https://www.usinenouvelle.com/editorial/l-instant-tech-atos-veut-apporter-une-premiere-acceleration-quantique-aux-entreprises.N2131846
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