Atos change de président, mais maintient son plan de cession à Daniel Kretinsky [LE MONDE]

Réclamée par plusieurs actionnaires minoritaires, la démission de Bertrand Meunier ne lève pas toutes les interrogations sur l’avenir du groupe d’informatique.

La pression était devenue intenable. Après des mois de contestation et un cours de Bourse en chute libre, Atos a officialisé, lundi 16 octobre au matin, la démission de son président, Bertrand Meunier, comme Le Monde l’avait révélé la veille au soir. Il occupait cette fonction depuis novembre 2019.

M. Meunier est remplacé par Jean-Pierre Mustier, administrateur indépendant du groupe d’informatique depuis mai. Ce dernier est épaulé par un vice-président, Laurent Collet-Billon, arrivé lui aussi au printemps. Dans un communiqué, Atos dit avoir mené « un processus de sélection rigoureux » et examiné des « candidatures à la fois internes et externes » avant de faire ces choix. A l’annonce de ces changements à la tête de la société, l’action Atos s’envolait de 21 % à la Bourse de Paris.

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Publié le 16 octobre 2023 à 10h44

Temps de Lecture 3 min.

La colère des actionnaires minoritaires contre M. Meunier couvait depuis plusieurs mois. En juin, lors de l’assemblée générale annuelle, la société de gestion Sycomore AM avait tenté de le débarquer, jugeant « désastreux » le bilan de ses trois années et demie à la présidence de la société. La résolution demandant sa révocation avait été rejetée à 67 %, mais cela signifiait qu’un tiers des actionnaires voulaient déjà son départ à l’époque.

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La fronde a fini par exploser avec l’annonce, le 1er août, du projet de cession à Daniel Kretinsky des activités d’infogérance de la société, réunies dans la filiale Tech Foundations. Plusieurs actionnaires minoritaires jugeaient cette opération trop favorable à l’homme d’affaires tchèque. Depuis cette date, le cours de l’action Atos a chuté de 48 %, l’entreprise ne valant plus que 544 millions d’euros. Pour exprimer leur opposition, deux actionnaires, les fonds Alix AM et CIAM, ont porté plainte auprès du Parquet national financier.

Inquiétudes de politiques

L’Autorité des marchés financiers, alertée notamment par l’Udaac, une association d’actionnaires minoritaires, s’interrogeait aussi sur les modalités financières de l’opération négociée avec M. Kretinsky. Selon nos informations, le gendarme de la Bourse avait récemment adressé un courrier à la direction du groupe pour lui demander de clarifier certains points. C’est pourquoi des réponses détaillées ont été apportées par Atos lundi, dans un communiqué accompagnant l’annonce de la démission de M. Meunier.

Le plan défendu par M. Meunier suscitait enfin des interrogations au sein même du conseil d’administration d’Atos. René Proglio, l’un de ses membres, n’avait pas participé à son vote début août. Egalement opposée à la stratégie suivie, Caroline Ruellan, administratrice indépendante arrivée en 2022, a pour sa part démissionné du conseil début octobre. Pour tenter de calmer les interrogations et de clarifier la direction d’un groupe promis à la séparation, un nouveau directeur général, le troisième depuis 2021, Yves Bernaert, a été nommé jeudi 5 octobre. Mais un remaniement plus large de la gouvernance, jusqu’à la présidence, paraissait toutefois indispensable pour espérer rouvrir le dialogue avec les actionnaires.

« Meilleure des solutions disponibles »

Le départ de M. Meunier suffira-t-il, alors que le plan de cession à M. Krestinsky, toujours en phase de négociations exclusives, est confirmé ? M. Mustier s’engage à « travailler en étroite collaboration avec l’équipe de direction pour poursuivre la transformation du groupe dans l’intérêt de toutes ses parties prenantes, ses clients, ses employés et ses actionnaires ». Le nouveau président, qui a fait toute sa carrière dans la banque, à la Société générale puis chez l’italienne UniCredit, devra convaincre sur l’intérêt pour Atos de céder Tech Foundations à M. Kretinsky dans de telles conditions financières, avec un paiement en cash de seulement 104 millions d’euros. Atos rappelle que 1,8 milliard d’euros de passifs (dette de location, engagements de retraites, provisions diverses…) seront transférés à M. Krestinky, ce qui allégera le bilan du groupe. Mais dans le même temps, le groupe confirme qu’il devra prendre à sa charge 1 milliard d’euros de besoin en fonds de roulement au profit de Tech Foundations. Un paramètre qui nourrit la colère des actionnaires minoritaires ces dernières semaines.

« Il s’agit de la meilleure des solutions disponibles », a martelé M. Bernaert, lors d’une conférence de presse organisée lundi. Une assemblée générale se tiendra début 2024, au lieu de fin 2023 comme initialement prévu. Si jamais ce plan venait à être rejeté par les actionnaires, Atos assure qu’il disposera de suffisamment de liquidités pour passer 2024. Mais après ? Compte tenu de la dette arrivant à échéance en 2025, « le groupe devrait avoir accès aux marchés de capitaux et de dette, et/ou considérer des cessions d’actifs additionnelles », prévient-il.

https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/10/16/atos-change-de-president-mais-maintient-son-plan-de-cession-a-daniel-kretinsky_6194751_3234.html

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