Leonardo, Jupiter et enfin… Alice Recoque ! – Zoom sur le Maestro des Qbits d’Atos [Article-blog]

Ces noms « exotiques » Leonardo, Jupiter, Recoque… ne vous disent probablement rien.

Mais ce sont des stars chez Atos. Ce sont ceux des plus performants HPC produits par Atos au moment de leur livraison (Hyper Scale Computer = supercalculateurs), dont les derniers sont exaflopiques, c’est-à-dire pour faire simple, qu’ils font un milliard de milliards de calculs à la seconde (virgule flottante pour les experts).

Pour information, le Qbit c’est l’unité des ordinateurs quantiques (pour dans 10 ans minimum), pas celle des HPC, mais ça me plaisait pour le titre 🙂

Le succès de ces giga-calculateurs exaflopiques au sein de la division HPC d’Atos et prochainement propriété de l’État, est en grande partie lié au talent d’un homme, Emmanuel Le Roux, l’actuel CEO des HPC d’Atos et passé au travers de la valse des dirigeants.

Discret mais efficace et passionné, il fut longtemps homme de l’ombre, caché par « le roi Soleil Pierre Barnabé », l’ex-CEO de BDS, avec qui il formait néanmoins un binôme d’excellence (à l’époque la MOP était de 15%) Emmanuel le Roux, actuel CEO de la branche HPC, sera dans quelques mois le patron de la société qui pourrait s’appeler BullSequana SA avec comme actionnaire l’État français via l’APE (l’Agence des participations de l’État).

Longtemps N+2, et même si encore officiellement N+2, mais officieusement N+1, il a su patiemment attendre son heure et au fil des communiqués de presse ou des articles de la presse spécialisée, il sort petit à petit de l’anonymat, tout en gardant son style discrétion et efficacité.

« Officiellement N+2 », car sur le papier il reporte à Pierre-Yves Jolivet dans le dernier organigramme, alors que dans l’avant dernier il était N+1.

Dans la pratique, il reporte surtout à Philippe Salle.

Il se dit que les relations entre les deux hommes sont pacifiques, mais qu’il y aurait une estime réciproque à minima et mais que par contre leurs objectifs sont légèrement antagonistes sur la déconsolidation de l’entité HPC.

En effet, Emmanuel Le Roux, selon ses équipes, voudrait boucler la cession à l’État au 31 mars 2026 et selon les informations du blog, tout est prêt pour, tandis que Philippe Salle aimerait jouer les prolongations jusqu’à début mai pour consolider le plus possible de CA HPC sur 2026.

Le point de vue du blog, c’est comme dans une séparation conjugale, quand c’est entériné, mieux vaut tourner la page rapidement pour que les effectifs ne soient pas dans une période de flottement. Même si les HPC ça fait classe sur le papier, la marge opérationnelle des HPC reste faible, autour de 2 à 2.5%, d’ailleurs le plus gros gagnant dans chaque vente d’un HPC d’Atos, ça n’est pas Atos, c’est Nvidia.

L’entrée de gamme pour un HPC, le XH3000 c’est environ 30M€  pour un super calculateur composés de nombreux PC superposés, et l’ensemble est lui même composé d’une dizaine d’armoires rack (photo ci-dessous), fournies par coïncidence par une autre société appelée également Atos et spécialisée dans les racks informatiques (atos-rack.com) et les XH3000 ça monte vite à 100M€ quand on en met plusieurs en « clusters » (grappes).

Donc la date de la déconsolidation a un certain enjeu, car deux ou 3 HPC facturés en avril sans déconsolidation au 31 mars, seraient affectés au bilan de Philippe Salle (Atos) alors que les deux mêmes HPC facturés en avril avec déconsolidation au 31 mars iraient au bilan d’Emmanuel le Roux en tant que patron de la nouvelle société BullSequana SA avec l’Etat comme propriétaire.

Donc on comprend bien qu’il y a malgré une harmonie affichée entre les deux hommes, il y a des intérêts quelque peu antagonistes, même si apparemment la phase finale de ce carve-out se déroule normalement et qu’il n’y a pas de rumeurs de tensions qui nous ont été rapportées. Chacun des deux doit lorgner sur les 30 à 45 jours post 31 mars, avec un poil de rivalité implicite sur lequel des deux se verra attribuer le CA entre 31 mars 2026 jusqu’à la déconsolidation. Selon les informations du blog via les équipes de l’entité HPC, tout est prêt pour le 31 mars et la date maxi de maxi de déconsolidation acceptée par l’État serait mi-mai 2026.

Ce que j’appelle la déconsolidation, c’est en langage familier le transfert de propriété. Un élément important peut entrer en jeu, ce sera le besoin de cash de Atos à ce moment là.

Le bon sens comptable devrait faire que déconsolider BullSequana SA au 31 mars serait la solution idoine. Mais chez Atos, le bon sens est une notion parfois nébuleuse 😀

Comme nous prévoyons un CA 2026 de 6.8Md€, si Philippe Salle pouvait gratter 200M€ de facturation de HPC sur avril et début mai, il pourrait peut-être flirter avec les 7Md€. Retarder la remise des clefs peut-être tentante alors que selon les informations du blog, du côté des équipes d’Emmanuel Le Roux toutes les planètes sont alignées pour être prêt le 31 mars.

Je rappelle qu’au Capital Market Day, le CA Proforma de 2025 (pour les novices, c’est le CA qui permettra de base de comparaison à la croissance organique a été annoncé à 7.5Md€.

Donc avec 6.8Md€ prévus par le blog on serait en décroissance organique là où Jack François de Prest et Philippe Salle prévoyaient le fameux retour à la croissance mi-2026 là où le blog voit plutôt ce retour à la croissance au S2/2027 ou début 2028.

Mais revenons à nos moutons.

Le patron des HPC Eviden, c’est Emmanuel Le Roux. Enfin pour être précis, le patron des HPC du groupe Atos, via sa filiale Bull, et sa marque Bull-Sequana, modèle XH3000, elle même englobé sous la marque Eviden, qui la marque du Hardware Atos depuis mai. Honnêtement, je ne suis pas allé jusqu’à pousser le vice de regarder dans le catalogue si le Sequana XH3000 s’appelle toujours Sequana XH3000 ou Eviden XH3000. Mais vous avez compris l’idée, on est un peu perdu avec tous ces noms…

Philippe Salle a résumé plus prosaïquement à Sophie de Menton sur Cnews à la question « c’est quoi des HPC? »

« c’est des supercalculateurs, c’est l’ancien Bull, que nous avons racheté en 2011. » Donc un HPC « c’est un ancien Bull », donc un vieux PC. Mais selon Philippe toujours répondant à Sophie De Menton, c’est un PC haute puissance. Donc c’est clair, on voit que c’est un sujet que Philippe Salle maitrise sur le bout des doigts, les HPC.

Mais si un HPC c’est Bull, enfin un ancien Bull, pourquoi avoir renommé Bull en Eviden tout en gardant la marque Bull accolée à Sequana ?

Bon, je vous l’ai déjà dit un peu plus haut, chez Atos le bon sens n’est pas toujours de mise, c’est d’ailleurs aussi l’avis de Franck Chartier selon l’article de la CGT.

Enfin pour revenir à cette interview avec Sophie de Menton, si Philippe Salle est un expert des chiffres,  les dates apparemment c’est pas son truc.

Rachat de Bull en 2011… 

Putain Philou, pas à la télé une bourde comme ça !! 😱

2011 c’était le rachat de Siemens IT.

Bull c’était en 2014.
Emmanuel Le Roux a donc posé ses valises chez Atos… (ou selon comme on regarde les choses… chez Eviden) en 2014.

Emmanuel Le Roux a une qualité. Ça n’est pas un émotionnel, mais clairement un profil scientifique. Ses équipes le qualifient de rigoureux et perfectionniste. Sa ligne directrice, c’est le client, le produit et l’entreprise.

Il est resté impassible à la valse des dirigeants et la patience a payé. Patience travaille et rigueur.
Orchestrer le fonctionnement de 24,000 puces Nvidia sur Jupiter demande de la rigueur.

Emmanuel le Roux  a formé un binôme avec succès avec le charismatique Pierre Barnabé qui a quitté Atos pour désaccords profonds avec l’exécrable Bertrand Meunier qui a réussi une première historique dans l’Histoire de France, passer en 3 ans du CAC40 au tribunal de commerce. Il aura au moins un record à son actif, le loustic.

Pierre Barnabé avait réussi après le rachat de Bull à doubler le CA de BDS et à atteindre une MOP à 15%. Le binôme était à son sommet avec en chef-d’œuvre la mise en service de Leonardo le premier HPC d’Europe à dépasser le Pétaflop (ou un truc comme ça). Pierre Barnabé était cité par la presse pour prendre la suite d’Elie Girard, et selon ses proches il n’aurait même pas eu un entretien d’embauche du board pour le shortlister. Pierre Barnabé voulait mettre 1/3 de BDS en bourse comme Worlline au tout début (24% pour être précis) afin de lever des fonds vu les investissements nécessaires pour suivre des géants de la tech comme HP (100Md€ de CA) avec son fameux Frontiers.

Pierre Barnbabé a été remplacé par Jean-Philippe Poirault qui n’a jamais su trouver sa place chez Atos. Malheureusement peu apprécié sur le plan humain, car Pierre Barnabé avait mis la barre assez haute, il y a eu comme une démotivation au sein de l’entité HPC qui en 2022 et 2023 a connu ses seuils de rentabilité les plus bas descendant jusqu’à 1% de marge opérationnelle. Philippe Oliva, CEO d’Eviden (l’ancien Eviden) et Jean-Philippe Poirault formaient un peu le tandem de la loose.

Durant cette période, Emmanuel Le Roux a un peu regardé les trains passer avec pas mal de valses de dirigeants, mais a su rester concentré sur la delivery des HPC commandés, avec une petite sueur froide sur deux HPC à 100M€ commandés par l’Inde, mais dont la livraison a du être retardé de 6 mois car les douanes estimaient qu’il n’y avait pas assez de composants français pour que ce soit considéré comme une importation de France.

Il passe donc rapidement sur les nombreux départs causés par les turbulences atossiennes (de Meunier à Mustier sans oublier Belmer, Oliva, Carlo et les autres) en affichant des programmes de recrutement ambitieux.

Emmanuel Le Roux est un historique de Bull, dans le sens où il faisait partie depuis 5 ans de l’effectif Bullien lorsque Bull a été rachetée par Thierry Breton. Il a donc comme tous les Bulliens, une forte culture d’ingénieur.

Parmi les qualités citées, il sait écouter, mais aussi prendre des décisions et transmettre « la bonne parole venue d’en haut ».

Dans ses points sous Teams, il est d’un optimisme sans faille, et il y croit car il s’appuie sur sa connaissance des équipes : des professionnels, expérimentés, et engagés.

Il a mené de main de maître le « projet Cartier », Cartier étant le nom de code donné au « carve-out » (détourage du périmètre cédé) d’un point de vue opérationnel, sachant naviguer entre les consultations des IRP (représentants du personnel), les négociations internes, etc…

C’est un leader apprécié car il fait preuve d’un niveau de transparence rare à ce niveau de la hiérarchie.

Il s’est donc imposé comme choix naturel pour être le CEO de la nouvelle entité une fois sortie du périmètre Atos. C’est aussi un challenge car ce sera la première fois qu’il sera numéro 1, mais il semble l’attendre avec impatience plus que le craindre, ce qui est une réaction plutôt logique quand on change de chef tous les 6 mois, autant devenir soi-même le chef 🙂

Pourquoi parler d’Emmanuel Le Roux maintenant ?

Parce que déjà comme le nouveau BullSequana SA ne sera pas une société cotée en bourse le blog n’en assurera pas le suivi, donc je souhaitais faire ce portrait avant la déconsolidation et avant l’éventuelle fermeture du blog par la justice, vu que les éxécutions provisoire sont à la mode 😀 , même si le blog a entièrement confiance en la justice et aucun doute sur l’issue de la procédure inique initiée par Atos, que le blog et nos conseils considèrent comme dolosive.

Contrairement à d’autres membres de la gouvernance et en particulier son président, il n’a jamais diabolisé le blog (selon nos contacts internes) pas même au moment où nous avons été lanceur d’alerte sur le fait que ce qui était présenté comme la proue du navire Eviden, « la mythmanienne pépite » créée de toute pièce par Meunier et McKinsey et indiqué que le marge net des HPC en 2023 était négative, et suite à nos révélations BFM TV par la voix de Matthieu Pechberty avait expliqué quelques semaines après qu’effectivement les HPC c’était une technologie de pointe mais une rentabilité en berne et il a accepté notre sollicitation de nous conter une anecdote à propos de la deuxième partie de cet article, JUPITER.

JUPITER, le most advanced HPC ever designed by Eviden (inspired by Tim Cook 🙂 )

 

Jupiter même si l’inauguration a été faite en Juillet et que nous arrivons un peu après la cavalarie c’est une fierté d’Atos et d’Emmanuel Le Roux. Le quatrième plus puissant PC de la planète, et le premier en Europe à atteindre l’Exaflop. Il semblerait que les performances aient été légèrement diminuées par rapport au cahier des charges car le prix initial était de 500M€ en consortium entre Atos et ParTec avec 263M€ pour Atos et l’autre moitié pour quelques autres fournisseurs dont ParTec.

Finalement la qualité des équipes HPC d’Atos a été reconnu et le budget aurait été augmenté à plus de 300M€ pour Atos (nous ne savons pas le montant exact) et réduit à une vingtaine de M€ pour ParTec le partenaire. Nous ne savons pas la part des fournisseurs restant, mais le budget total a du être autour de 350M€.

Nous pensons que c’est pour cette raison que Jupiter n’est pas le 2ème ou 3ème Exascale mondial, mais le 4ème. C’est également la position qu’occupait Leonardo livré en 2021 et qui à l’époque était aussi le 4ème HPC mondial et le premier pétafloplique. Les mauvaises langues diront qu’Atos a toujours 3 trains de retards 😀

Emmanuel Le Roux n’a pas répondu à notre demande d’interview, mais a accepté de nous livrer une anecdote sur son passage dans la division HPC Atos.

Bonjour Marc,

Jupiter a en effet été un super projet pour les équipes et pour moi. Nous avons livré une machine exceptionnelle par sa dimension mais également réalisé une première mondiale en la livrant dans des containers ce qui a permis de tout construire en 9 mois. Le projet global est de plus de 300m€ avec les containers. C’est un projet qui a été réussi grâce à un travail d’équipe exceptionnel entre la R&D qui a désigné, l’usine à Angers qui l a construit, a assemblé les containers et installé la machine à Angers dans les containers et ensuite livré chez le client. Ensuite les équipes installation et benchmarks ont réussi à faire très rapidement des scores exceptionnels permettant d’atteindre le #4 mondial et #1 en Europe. Cela montre toute l’étendue du savoir faire hérité de Bull et qui est resté pendant les 10 ans chez Atos car ce sont des passionnés fiers de la techno que nous développons.

Si j ai pu permettre de coordonner et motiver tout le monde, cela est également une expérience très importante, j ai pu développer une relation très forte avec le client et EuroHPC qui ont une très grande confiance dans Eviden. Cela nous permet de démontrer que nous sommes la seule alternative à HPe pour ce type de machine et que c’est possible de la designer et la construire en Europe… je suis un Européen convaincu et nous n’aurons pas de souveraineté numérique sans être capables de designer et construire ce type de machine.

Eviden est responsable de 100% de la machine qui a été inaugurée, notre partenaire est responsable de la seconde tranche, beaucoup plus petite (20m€).

Jupiter a été un challenge personnel car quand j’ai repris l’activité HPC en 2022, le client était plutôt favorable à notre compétiteur et j’ai réussi, avec les équipes de vente, à les retourner et construire cette relation de confiance avec les équipes et le client qui a sans doute été prépondérante dans le succès de Jupiter mais c est d’abord un succès collectif.

L’anecdote qui m’a le plus marquée a été en mai quand nous avons mis sous tension la machine pour la première fois et avons lancé les premiers benchs, le client a été scotché de voir les équipes travaillé 24/7 pour arriver à sortir un score en quelques jours qui a montré toute la puissance des équipes et de la machine, cela a été grand moment pour tout le monde…

Nous sommes maintenant sollicités pour construire la même machine en Europe mais également en Inde et au Brésil ce qui va permettre de bien lancer l’après Atos et d’accélérer l’investissement supplémentaire en R&D ( en plus de doubler la capacité de l’usine en 2026) pour continuer à rester en avance sur nos concurrents….

En effet, c’est ce qui a été confirmé par un magazine spécialisé, après avoir été en sous-production de 2023 à mi-2024, l’usine d’Angers tourne désormais à plein régime et un doublement de la taille étant prévu, car sur les HPC progressent en performance, leur taille elle ne diminue pas et nécessite pour Jupiter, pas la taille d’un terrain de foot, mais pas loin.

Mais si le carnet de commande est bien rempli, alors pourquoi vendre l’entité HPC ?

Je vous rappelle que carnet de commande bien rempli ne veut pas dire haute rentabilité d’une part.

D’autre part il y a un enjeu de souveraineté. Une partie de la production des BullSequana est pour l’armée (DGA) et sert à la simulation des essais nucléaires, mais pas tant que ça comme le croyait à tort feu Olivier Mourlaix (paix à son âme), mais surtout à l’amélioration des missiles balistiques et surtout de surtout au développement de missiles d’interception de missiles balistiques ennemis ». En effet, ce type d’essai en réel serait couteux, un missile balistique lancé pour rien et l’interception réussie ou raté visible des forces « potentiellement ennemies ». Des Russes quoi 😀

Je rappelle que contrairement à la communication narrative d’abord de Jean-Pierre Mustier puis de Philippe Salle Atos n’est pas sauvée. La dette ancienne est toujours classée CCC, ce qui veut dire en langage S&P « l’émetteur va probablement faire défaut » et que si le cash résiste, il baisse mois après mois et en face les échéances de remboursement, même si en 2029 se rapprochent mois après mois.

Pour l’État qui agit comme protecteur de la souveraineté, le défaut d’Atos et son démantèlement fut donc vu comme un scénario potentiel. Or si cela devait arriver cela signifierait démantèlement en urgent de l’entité HPC avec un risque de départ massif. Or le Carve-out (détourage pré-cession) a prix plus d’un an. Il serait irréalisable en urgence. L’État en rachetant cette entité (une sorte de nationalisation car le choix n’a guère été laissé à Atos tant sur la décision que sur le prix réduit dans les derniers mois de négociation) a protégé les intérêts souverain de la France par anticipation d’un scénario, qui correspond à la notation de la dette d’Atos (CCC l’émetteur risque de faire défaut).

Même en considérant la survie d’Atos comme le scénario le plus probable, en se plaçant du point de vue de l’État, le démantèlement d’Atos étant une hypothèse suffisamment plausible pour que l’État ait souhaité ne pas prendre de risque et « nationaliser » les HPC, tout en faisant baisser le prix à cause de la rentabilité très faible.

Si on observe un retournement du cycle de vente des HPC vers la croissance, c’est en partie l’apparition de la bulle Ai, mais grande en partie dû au talent et à la pugnacité d’Emmanuel Le Roux

Un dernier giga projet est en suspens au moment où j’ai démarré la rédaction de cet article.

Le HPC « Alice Recoque » destiné à être exploité par le CEA et financé en partie par EuroHPC et en partie par la France et les Pays-Bas.

Selon les équipes de BullSequana, la réponse était attendue là en novembre.

La décision est tombée mardi. Eviden a remporté le contrat. Bravo Maestro.

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Pour en savoir plus sur Jupiter, nous publions l’article Du Monde. Copyrights LE MONDE.

L’Europe lance Jupiter, son supercalculateur, destiné à rattraper son retard dans l’IA

Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a inauguré vendredi à Juliers, à l’ouest de Cologne, le premier supercalculateur « exascale » du Vieux Continent. Elaboré par le groupe français Atos, financé par l’Union européenne et l’Allemagne, il est capable d’effectuer un milliard de milliards de calculs par seconde.

Le Monde avec AFP

Publié le 05 septembre 2025 à 17h05, modifié le 06 octobre 2025 à 17h46

Temps de Lecture 2 min.

« Priorité absolue » : le chancelier allemand, Friedrich Merz, a lancé vendredi 5 septembre Jupiter, le premier ordinateur géant et ultrarapide en Europe, destiné à combler le retard des Européens sur les Etats-Unis et la Chine dans l’intelligence artificielle (IA).

Basé dans la commune de Juliers (Allemagne), à l’ouest de Cologne, Jupiter est le premier supercalculateur « exascale » du Vieux Continent, capable d’effectuer au moins un quintillion de calculs par seconde, soit un milliard de milliards.

« C’est comme si 10 millions d’ordinateurs portables classiques étaient utilisés en même temps, empilés jusqu’à une hauteur de 300 kilomètres », a comparé le chancelier allemand, vendredi, lors de l’inauguration du supercalculateur. Les Etats-Unis disposent déjà de trois machines de ce type, toutes exploitées par le département de l’énergie.

La moitié d’un terrain de football

Jupiter occupe une surface de près de 3 600 mètres carrés – soit environ la moitié d’un terrain de football – avec des rangées de processeurs et environ 24 000 puces du grand groupe américain Nvidia, prisées par l’industrie de l’intelligence artificielle.

« Les Etats-Unis et la Chine se livrent une course au coude-à-coude dans une économie mondiale portée par l’intelligence artificielle », mais l’Allemagne et l’Europe ont « toutes les chances de rattraper » leur retard, selon le chancelier allemand, qui a salué un « projet pionnier historique européen ».

« Une question de compétitivité autant que de sécurité »

Selon un rapport de l’Université Stanford (Etats-Unis) publié cette année, les institutions américaines ont produit en 2024 40 modèles d’IA « notables », c’est-à-dire particulièrement influents, contre 15 pour la Chine et trois pour l’Europe.

Aussi, le nouveau système est « très significatif » pour les efforts européens dans l’entraînement de modèles d’IA, assure José Maria Cela, chercheur au Supercomputing Center à Barcelone (Espagne). « La performance d’un modèle d’IA dépend directement de la puissance de calcul de l’ordinateur utilisé », déclare-t-il à l’AFP, ajoutant que l’Europe souffre d’un « déficit » de systèmes de cette taille.

Jupiter fournit ainsi la puissance de calcul nécessaire pour entraîner efficacement les modèles de langage de grande taille (LLM) produisant d’énormes volumes de textes et utilisés dans des chatbots génératifs, comme ChatGPT ou Gemini.

En Allemagne et en Europe, « disposer de capacités de calcul souveraines, au niveau de nos concurrents internationaux, est une question de compétitivité autant que de sécurité nationale », a martelé M. Merz.

Cependant, du fait de ses nombreuses puces Nvidia, Jupiter reste fortement dépendant de la technologie américaine, et cela alors que les sujets de discordes entre les Etats-Unis et l’Europe se sont multipliés.

Des applications qui vont bien au-delà de l’IA

Les chercheurs souhaitent aussi employer Jupiter pour créer des prévisions climatiques plus détaillées et sur le long terme, afin d’anticiper avec plus de précision des phénomènes extrêmes comme les vagues de chaleur.