C’est le cadeau de Noël qu’on n’attendait plus. Le 26 décembre, entre la dinde et les marrons, Atos nous sort un communiqué laconique dont il a le secret : la vente de l’intégralité de ses activités en Amérique du Sud.
Sur le papier, c’est beau. On se « recentre ». On « optimise ». Le clou du spectacle, « Genesis avance plus vite que prévu »…
Mais quand on gratte le vernis de la communication financière, on découvre une odeur de braderie qui pique les yeux.
Le silence assourdissant du prix C’est la première règle du M&A : quand le prix de vente est bon, on l’écrit en gras, en police 24, et on met des feux d’artifice dans le PowerPoint. Quand le communiqué ne mentionne aucun montant, aucune condition financière, pas le moindre petit million d’euros… c’est que la vérité est inavouable.
Soyons clairs : Atos n’a pas vendu sa filiale Sud-Américaine. Atos a payé pour qu’on la lui débarrasse.
L’acheteur : David avale Goliath (avec l’argent de Goliath) L’heureux élu s’appelle Semantix. Une « boutique » brésilienne spécialisée dans l’IA. Regardons les chiffres : Semantix, c’est une capitalisation boursière lilliputienne (un SPAC au Nasdaq qui a fondu comme neige au soleil). Atos Amérique du Sud, c’est 2 800 employés. Comment une fourmi achète-t-elle un éléphant ?
La réponse est probablement dans les petites lignes que Philippe Salle a oublié de nous lire :
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Vente à prix négatif : Il est fort probable qu’Atos ait cédé la structure pour 1 € symbolique (ou moins).
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Le cadeau du BFR : Pour que Semantix accepte de reprendre la masse salariale, Atos a sans doute laissé un matelas de cash confortable (BFR) dans les caisses. En gros : « Prends les clés, prends la caisse, mais par pitié, prends les salariés ».
Le tour de passe-passe managérial Le clou du spectacle ? C’est le « Reverse Takeover » qui ne dit pas son nom. Nelson Campelo, le patron d’Atos Amérique du Sud, ne se fait pas virer. Non, il devient PDG de Semantix. Vous avez bien lu. Le vendeur prend les commandes de l’acheteur.
Ce n’est pas une acquisition stratégique par Semantix. C’est une externalisation désespérée d’Atos qui transfère ses pertes et ses effectifs dans une coquille externe, tout en finançant probablement l’opération elle-même.
Monsieur Salle, les actionnaires savent compter Philippe Salle joue au bonneteau. Il sort 2 800 personnes des effectifs d’Atos pour embellir la vitrine avant la restructuration finale. C’est habile. C’est du « cost cutting » cosmétique. Mais ne nous prenez pas pour des jambons : céder un actif en payant l’acheteur pour qu’il le prenne, ça ne s’appelle pas une « cession stratégique ». Ça s’appelle une liquidation déguisée.
Combien de cash Atos a-t-il dû lâcher pour « vendre » ce bijou ? 10 millions ? 20 millions ? Le silence est d’or, mais dans ce dossier, il coûte surtout très cher aux actionnaires.
Sur un CA estimé de la zone Amérique du Sud, de 200M€, on peut imaginer qu’Atos a laissé 10% dans les caisse soit 20M€. Comment financer cela ?
Une stratégie de « Syndic de Copro » appliquée à la Tech
Pour orchestrer ce grand bradage, Philippe Salle a une méthode bien à lui. Il a remplacé l’ancien Directeur M&A (un expert du secteur) par un fidèle, Camille Le Provost.
D’où vient ce nouveau stratège ? De la Silicon Valley ? D’une banque d’affaires prestigieuse ?
Non.
Il nous vient tout droit du monde passionnant de la gestion de syndic de copropriété. Philippe Salle semble gérer un géant du numérique comme on gère une assemblée générale de copropriétaires : en coupant le chauffage pour baisser les charges.
Le bilan comptable est cruel Ce duo de « gestionnaires d’immeubles » nous offre un spectacle financier délirant en ce mois de décembre :
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Le 18 décembre, ils vendent une micro-pépite. La filiale nordique appelée Ideal GRP (un intégrateur de systèmes pour l’industrie) au groupe MAIT. Une boîte qui crache 250 000 € de CA par salarié. Une crème de la rentabilité, là où Atos bon an mal an dégage en moyenne depuis 10 ans 100 000€ par salarié.
« Selon nos estimations prudentes basées sur les ratios du secteur (1,2x le CA), cette pépite valait au bas mot 24 millions d’euros. Si Philippe Salle l’a bradée en dessous de ce prix pour faire de la trésorerie rapide, il a validé une moins-value sèche par rapport au prix d’acquisition de 2020 par Elie Girard.
Il suffit de relire le communiqué de presse d’Atos du 15 septembre 2020 pour mesurer l’étendue du désastre. À l’époque, l’acquisition d’Ideal GRP (alors 100 salariés) était présentée comme la clé de voûte de la stratégie ‘Industrie 4.0’ (relire le CP de 2021). Cinq ans plus tard, après avoir laissé filer 20% des effectifs, Philippe Salle brade ce ‘bijou stratégique’. Acheter au son du canon (cher en 2020), vendre au son du clairon (bradé en 2024). C’est la stratégie de l’échec
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Le 26 décembre, ils paient pour se débarrasser des 2 800 salariés d’Amérique du Sud.
La structure de l’opération interpelle. L’acquéreur, Semantix, est un acteur de taille modeste comparé aux 2 800 collaborateurs d’Atos LatAm. Voir une telle structure absorber une division aussi lourde sans que les modalités de financement ne soient détaillées laisse le champ libre à toutes les hypothèses, y compris celle d’une valeur d’entreprise négative. Pour nous, c’est une certitude.
Une externalisation plutôt qu’une vente ? Le fait que le management actuel d’Atos Amérique du Sud prenne les rênes de l’entité acquéreuse renforce ce sentiment d’étrangeté. Cela ressemble moins à une conquête de marché par Semantix qu’à une externalisation organisée par Atos pour sortir des effectifs et des coûts de son périmètre consolidation, quitte à devoir accompagner financièrement la mariée (via le BFR ou la dette).
Le devoir de transparence Philippe Salle a pris les commandes avec une promesse de redressement. Le redressement passe par la vérité des chiffres. Cacher le prix de cession (ou le coût de sortie) d’une division de près de 3 000 personnes n’est pas un acte de gestion anodin. C’est une opacité qui ne grandit pas la gouvernance du groupe.
Les actionnaires ne demandent pas la lune. Juste un chiffre. Si la vente est une bonne affaire, pourquoi la cacher ? Et si c’est un coût pour se délester d’un poids mort, pourquoi ne pas l’assumer ?
Aujourd’hui le marché, « les veaux » ont adoré. Atos a vraiment les actionnaires les plus cons du marché. La VAD va se régaler dans les jours à venir.
Conclusion de ce mois épique de décembre 2025 ?
Philippe Salle vend les actifs ultra-rentables pour financer le chèque de départ des actifs déficitaires. C’est peut-être comme ça qu’on gère les factures d’ascenseur dans l’immobilier, mais dans la Tech, ça s’appelle tuer l’avenir.
Alors Monsieur Salle, une question simple : combien ce « ravalement de façade » sud-américain a-t-il réellement coûté aux actionnaires ?
L’objectif évoqué par le blog de 55 000 salariés fin 2021 est donc maintenant à portée de main, sachant le départ des 2000 salariés de la division HPC au 1er avril, l’attrition et les nombreux PSE ici et là, je rappelle que il y a 55 pays dans le groupe et que la France n’est pas le seul à subir des PSE.
Notre objectif de CA 2026 est donc révisé à la baisse à 6.5Md€.
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Soutenez notre blog contre l’attaque judiciaire inique d’Atos
Je rappelle que notre blog a été attaqué lâchement en justice par Philippe Salle pour supprimer un espace de liberté qui rééquilibre l’asymétrie d’information entre les mensonges de la DirCom et ce qui se passe réellement au sein de la société dont vous êtes actionnaires ou salariés.
Le problème est qu’ils ne demandent pas le retrait d’articles, mais la fermeture pure et simple du blog via une assignation fleuve comportant au total avec les annexes 2034 pièces et une audience sous un délai de 6 semaines, afin de nous asphyxier de couts d’avocats. Nous sollicitons à cette occasion la solidarité de nos lecteurs car les couts d’avocats vont se monter à plus de 20 000€, sachant que nous n’avons pas fait de campagne en 2025 pour la participation aux frais techniques du blog qui ont été étoffés cette année par le harcèlement fait par Atos à nos hébergeurs et la nécessité de changer sur des hébergements bien plus couteux. Le coût des frais techniques cette année est de 4500€.
Si vous estimez que ce n’est pas votre affaire de participer aux frais de justice du blog, vous pouvez néanmoins supporter les coûts techniques, sachant que les articles eux, sont bénévoles.
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Atos a attaqué notre blog en justice via une procédure léonine pour le faire fermer en totalité. La probabilité de perdre ce procès est minime et nous ferions appel. Néanmoins, si cela devait arriver, nous vous conseillons de vous inscrire à notre newsletter pour continuer à recevoir les contenus par email.
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